Stupeflip est un groupe malade. Maladie mentale, maladie physique, schizophrénie multiple, les Français possèdent à peu près toutes les tares médicales du monde moderne. Avec leurs attaques directes du show-biz, leur sens de la paraphrase et de l’image directe qui claque et qui frappe, Stupeflic installe le décor pour sa comédie des mœurs, une comédia dell arte postmoderne. Mais, Stupeflic est aussi autrement plus puissant. Choc accidentel entre stupéfiant et flippant, les Français de Stupeflip nous offrent une musique qui, derrière ses aspects doux, apaisants ou ludiques, recèlent des tonnes de trouvailles et surtout un discours peu commun (le dyptique constitué du sauteur "Je fume pu d’shit" puis le paumé "J'refume du shit"). Quelques morceaux n’ont rien de doux et sont en fait de véritables chantiers punk (au sens Berruriers noirs du terme sur "A bas la hiérarchie" ou "L'épouvantable épouvantail"). Hypnotique, lancinant, saisissant voire saignant, leur hip-hop mélangé à de la pop orchestrale, mêlée à de nombreux samples, agrémenté d’une électricité punk-rock ("Carry on") est une sorte de bande originale de leurs propres vies donc des nôtres. Mais des vies qu’ils parviennent à élever par une euphorie particulièrement loufoque cachant une évidente détresse ("Les monstres"). Jusque dans les moindres détails, tout est parfait. Et avec leurs menaces à peine voilées (l'inévitable "L.E.C.R.O.U" qui colle à la peau comme un vieux chewing-gum dont on ne peut se débarrasser), j’éviterai toutes critiques d’un disque qui s’installe comme le premier grand disque de l’année. De toute façon, je ne risque rien, il n’y a vraiment rien à critiquer. |