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Bill Callahan (Paris)
 

par Adrien Lozachmeur (16/05/08)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

C’est désormais sous son nom propre que se présente Bill Callahan, comme si durant toutes ces années, (Smog) n’avait été qu’un écran de fumée pour mieux se cacher, un pseudo pour ne pas exposer ses névroses trop frontalement. Bill Callahan a changé, il a évolué, en tout cas il semble aller beaucoup mieux qu’avant. Sa musique est moins introvertie, moins autiste. Il y eut une époque où Bill chantait qu’il voulait être enfermé dans un bathysphère et jeté à la mer. Aujourd’hui la tristesse absolue s’est transformée en douce mélancolie, la rage est plus contenue. Le vocabulaire de renfermement solipsiste a laissé la place à des métaphores plus ouvertes sur le monde, où il est question d’arbres centenaires et de rivières.

L’Européen n’est pas tout à fait plein lorsque Bill arrive sur scène. Tant pis pour les absents qui regretteront sans doute un jour d’être passé à côté de la musique de ce grand songwriter. La dernière fois que je l’ai vu sur scène, c’était au Café de la danse pour la tournée de « Supper » et sa copine de l’époque apportait une touche un peu pop avec un synthé. Ce soir la formation est resserrée autour de la formule traditionnelle basse-batterie-guitare rythmique- guitare lead, ce qui donne au show un aspect très rock ne laissant aucune place aux titres les plus calmes de (Smog). Alors certes on n’a pas le droit aux ballades déchirantes à la « to be of use » ou « red apples » mais l’excitation est à son comble lorsque on entend défiler les titres choisis : le show ne contient que des morceaux de haute tenue, ce qui lui confère des allures de compilation du meilleur de (Smog).

Peu de chansons du dernier album en date (le premier sous le nom de Bill Callahan, par ailleurs moyen) sont défendues, seules les meilleures en fait, notamment le joyeux « diamond dancer » et le merveilleux « sycamore » en rappel (un truc à écouter en boucle). On a ainsi le droit au très intense « Blood red bird » qui est LE morceau que j’aimerais savoir jouer à la guitare (j’en ai encore la chair de poule), le très velvetien « cold blooded old times », le nostalgique « it’s our anniversary », l’hypnotique « song », les très apaisés « say valley maker » ou « rock bottom riser ». J’en oublie mais l’ivresse du moment a sans doute perturbé ma mémoire. Sur scène Bill Callahan est toujours aussi intimidant mais il est moins impassible qu’avant : entre les morceaux, on croit rêver lorsqu’on le voit plaisanter avec le public. Serait-ce ce qu’on appelle la maturité ? Il est vrai que ses cheveux ont blanchi. Les soucis sans doute. En tout cas il est toujours aussi habité sur scène : c’est assez incroyable de voir ses traits se déformer dans un rictus méphistophélique à certains moments. Serait-ce le symptôme de son dernier combat contre le mal qui le rongeait et qui le ronge peut-être encore, même si la douleur est moins intense? Je ne sais pas s’il faut lui souhaiter d’écraser son adversaire. André Gide a dit : « il n’y a pas d’œuvre d’art sans collaboration du démon ».

Je vais donc me contenter de souhaiter à Bill Callahan des conditions contractuelles plus avantageuses dans son association avec Belzébuth, histoire qu’il ne souffre pas trop quand même.