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Le Petit Rapporteur

 
 
Arno
 

par Pierre Derensy (18/06/04)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

C’est un malin cet Arno. Quand on le rencontre on voit tout de suite que ses grosses pattes d’ours mal léché ne sont que de substantiel rempart à une gentillesse disproportionné. Sa méfiance du départ fait place à un jeu de piste que l’on doit surmonter pour découvrir le véritable artiste qui se cache derrière l’image de celui-ci. Car pour lui, il est beaucoup plus facile de jouer l’idiot du village dans une modestie frisant le surnaturel que de montrer le travailleur infatigable qu’il est réellement.

Dégingandé, sorte de Lucky-Luke qui serait passé dans un saloon pour cuver 3 cuites d’affilé et finir par ressembler à Bluebbery vieillissant mais drôlement plus chouette, il se chauffe aux questions pour prolonger l’interview et ne plus finir de louer le groupe ‘CocoRosie’ qui lui ai tombé sur la cafetière et qui semble le hanter cette année. On en oublierais presque que pour sa propre paroisse, Arno revient avec un ‘French Bazar’ qui porte bien son nom. Comme il le dirait lui-même « Je te le jure sur mes deux bonbons ».

Je voulais savoir si tu fantasmais encore sur Mireille Mathieu ?
Arno : « J’ai jamais fantasmé sur Mireille. Je trouve seulement qu’elle a une belle voix. »

Au point de lui proposer de chanter ‘Ils ont Changé Ma Chanson’ ?
Arno : « Oui mais elle n’avait pas le temps alors j’ai pris un chanteur suisse »

Tu reprends sur ton dernier album ‘French Bazar’, comme Stephan Eicher sur une compilation hommage à Brel, ‘Voir un Ami Pleurer’ ?
Arno : « Ce sont mes musiciens qui me l’ont demandé. J’ai voulu leur faire plaisir mais c’était vraiment difficile. »

Ha bon ?
Arno : « Bhen oui. Je suis pas Brel moi. »

Tu l’as pourtant déjà repris sur ‘A la Française’ avec cette magnifique chanson qui est ‘Le Bon Dieu’
Arno : « Oui mais ça c’est un autre bazar ! »

‘Arno, Charles, Ernest’ ton précédent opus marquait une fin de cycle. Avec ‘French Bazar’ tu reviens à une simplicité dans la musique ?
Arno : « Je suis devenu plus simple qu’avant je pense (rire). J’étais dans un nouvel état d’esprit. »

Sur cet album tu attaques la société de consommation ?
Arno : « Oui mais j’ai fais aussi une reprise de Abba, paradoxale hein ! »

Par contre, ton talent d’écriture se poursuit de la même manière qu’auparavant, c’est à dire que tu continues de lancer des perles de phrases anodines qui se révèlent très complexes ?
Arno : « Tu trouves que je suis complexe ???? Je vis depuis 55 ans avec ce monsieur là que je suis ! »

Et c’est difficile à gérer ?
Arno : « (il réfléchit) Je crois quand même. Il faudrait demander à ceux qui vivent avec moi surtout. Mais tu sais je ne suis pas une pop Star. Je n’ai pas de problème avec ma carcasse, ce sont les gens qui m’en donnent. La chance que j’ai c’est de pouvoir faire des chansons car dans le fond j’utilise la merde autour de moi pour créer. C’est pas très positif ou très juste mais c’est le seul truc que je peux accomplir : faire de la musique. »

D’ou te vient ton inspiration ?
Arno : « De moi et des situations que les autres veulent de moi. »

La société que tu décris est axé sur une pauvreté de sentiments ?
Arno : « On ne vit pas dans une société à une vitesse mais dans un truc à 8 vitesses ! Tout change très vite. Trop vite. Dans l’air il manque de valeurs et de respects. Je suis aussi victime que toi de ça ou qu’un autre. Je me protège et je peux me vider grâce à mes chansons. Certains jouent au foot, d’autres boivent ou dansent et moi j’ai trouvé la musique. »

Tu l’as tellement trouvé que pour la production de ce dernier CD, tu t’es dis qu’on était jamais aussi bien servi que par soit même ?
Arno : « Quand tu prends un producteur il fais de ton travail un autre album que ce que tu souhaitais. Il imprime sa façon de faire de façon presque systématique. Là, je ne voulais pas faire un autre album que ce que tu as entre les oreilles quand tu écoutes… C’est moins cher aussi (rire). Je prend l’argent de producteur dans ma poche et comme ça je peux donner ça à mes enfants.

C’est tout bénéf ?
Arno : « Oui, Encore une autre Playstation. Quatre à la maison ! Pour le prochain je continue de faire producteur ! »

Sur cet album, tu chantes « la vie est une partouse », est ce à dire qu’on se fait toujours plus ou moins baiser par son voisin dans le monde de la musique ?
Arno : « Dans celui de la musique je sais pas, mais un matin je me suis réveillé en me disant que la vie c’était une partouze ou cela devrait en être une ! Tout les gens que je vois sont trop sérieux. Je trouve que la société européenne ne vit plus avec son voisin et crève dans sa solitude. Surtout dans les grandes villes. Par exemple on nous parle encore du 11 septembre mais on a déjà oublié que pendant l’été, simplement à cause de la chaleur il y a 11000 personnes qui sont mortes. En Afrique on crève pas de chaleur mais on crève de faim. Tu vois le bazar ? Nous on a tout, on va dans un supermarché choisir entre le Light et l’extra Light mais on a rien. Les gens vivent à coté de la plaque.»

Comment expliques tu que le chanteur de charme soit fatalement belge : toi, Adamo, Franck Mickael, Frédéric François …
Arno : « Moi je suis un chanteur de charme raté ! Je voudrais bien en être un mais c’est trop tard. Par contre, shit je connais pas ton Franck machinchose. Salvatore est un grand chanteur et Frédéric François je l’ai rencontré une fois : il est vraiment très propre sur lui-même. »

Cette chanson était destinée à Jean-Philippe Smet, un autre belge ?
Arno : « Son entourage m’a demandé de faire une chanson pour lui alors j’ai envoyé cette chanson ‘Chanteur de Charme’. Vu comme il chante cela aurait pu être formidable. Mais il m’a pas donné de nouvelle. »

Est ce que chanter pour toi c’est faire pleurer ?
Arno : « Les chanteurs de charmes doivent faire pleurer… mais moi je te rappelle que je suis un chanteur de charme ? »

Raté ?
Arno : « Exactement ! »

Par contre chanter une chanson triste te donne de la force ?
Arno : « Pour moi oui. C’est du blues. Pour moi faire des chansons c’est évacuer tout ton bordel. C’est pour ça que je fais de la musique. »

Pour ça et pour l’argent ?
Arno : « Quand je fais de la musique je ne pense jamais à l’argent. Je pars de la réalité dans un studio. J’ai besoin de ça !»

Tu continues d’écrire tes chansons dans les trains ?
Arno : « La plupart oui. Je n’ai pas mon permis. C’est trop dangereux… pour les autres (rire). Alors dans le train comme je n’ai rien à faire que suivre la route : j’écris. »

Musicalement, ‘French Bazar’ donne une atmosphère de club, de bar ou l’on jouerait du blues en formation réduite ?
Arno : « Je commence une tournée au mois de septembre avec deux piano, une contrebasse et moi. J’ai les pétoches mais c’est un beau challenge pour faire un autre bazar. »

Avec ce piano de bordel qui est ta marque de fabrique ?
Arno : «J’aime pas les cow-boys, je suis pour les indiens ! mais j’aime bien utiliser la sonorité du piano. J’aime le piano c’est un instrument qui donne pleins d’émotions différentes. La guitare aussi mais cela manque de bon guitariste. Y en a pas beaucoup qui savent donner l’émotion que savait donner Jimmy Hendrix par exemple. »

Par contre tu sais t’entourer pour ta part de super musiciens, d’ailleurs d’autres chanteur, comme Bashung, sont venus te les chercher pour jouer avec eux ?
Arno : « J’aime bien quand mes musiciens partent jouer avec des autres chanteurs comme ça quand ils reviennent ils ont un autre état d’esprit. Je peux leur piquer leur nouveauté. Ils apprennent des trucs nouveaux qui font qu’ils jouent différemment avec moi ou avec des autres. »

Le blanc bronzé comme un caché d’aspirine qui fait du rap ça t’ennuie ?
Arno : « Pas seulement le blanc ! c’est en général le rap de la télé qui n’est qu’un long vidéo-clip avec une piscine, des femmes en silicone dans leurs nichons et un lit tellement grand que toute l’équipe du football club d’Anderlecht peut dormir en dedans. »

La seule à trouver grâce à tes yeux c’est Jenny Lopez ?
Arno : « C’est ses fesses. En Amérique elles veulent toutes avoir des fesses comme Jennifer .»

Pas toi ?
Arno : « C’est trop tard ! (rire)»

Tout le monde chie sur les américains mais toi, ton passage là-bas à modifier toute ta conception de la musique ?
Arno : « J’ai rien contre les américains, y a des cons partout mais j’ai quelque chose contre leur politique. Musicalement sans les afro-américains je suis pas ici en train de te parler. Sans eux y a pas de beats, ni de Rolling-Stones, ni de Jazz et encore moins d’Arno. »

Tu pourrais me parler de Reggie cette new-yorkaise qui a fait un super duo avec toi ?
Arno : « Elle vient de sortir un nouveau disque. C’est une fille super qui a beaucoup de bagage. Elle peut voyager partout.

Tu aimes bien chanter avec les femmes ?
Arno : « Je préfère car je suis lesbienne ! »

Où intelligent ?
Arno : « Ca je peux pas dire. Tu penses que je suis intelligent ? »

Pour faire un duo avec Birkin il faut pas être idiot non ?
Arno : « J’aime la famille. La famille de cœur m’est très cher. »

Avec qui tu aimerais chanter maintenant ?
Arno : « Ils sont morts… Docteur John par exemple… ou Jennifer Lopez »

Je rebondis sur ton intelligence en te prouvant que tu l’es car lorsque l’on regarde ta carrière tu n’as jamais connu ce fameux creux de la vague ?
Arno : « J’ai eu la chance de toujours respecter le public. C’est parce que je pense que j’aime les gens et que ces gens le sentent que je suis ici dans cet hotel, avec un lit grand pour faire des partouzes ! C’est grâce aux mecs qui achètent mes disques. Il ne faut jamais tricher avec ce que l’on est. Je suis contant avec ce que j’ai et avec l’amour du public. »

Tu te vois vieux sur scène ?
Arno : « Je suis déjà vieux ! je suis vieux depuis que je suis né (rire). »

On parle beaucoup d’argent dans tes chansons ? serais tu près à faire le beau pour quelques dollars de plus ?
Arno : « Les autres parlent beaucoup d’argent… moi j’en ai assez. »

Tu fais maintenant ce qu’il te plait ?
Arno : « Depuis toujours j’ai fais ce qui me plaisait. »

Malgré les contraintes que peuvent amener le fait d’être dans une grosse maison de disque ?
Arno : « Je fais un disque avec un budget ridicule ! Les autres, pas tous hein, mais je connais pleins d’artistes qui font un album alors que moi avec la même somme je peux en faire quatre ! C’est pour ça que les maisons de disques sont dans la merde et que les artistes se retrouvent au chômage. Pourquoi, par exemple faire une vidéo qui coûte plus cher que l’album lui même ? Est ce qu’on a besoin de ça. Le primordial c’est la musique, c’est pas l’image. On a pas besoin d’un grand budget pour faire un bon disque. J’ai beaucoup d’espoir fondé dans les maisons de disques indépendantes. »

Tu as touché pas mal au cinéma, dernièrement Lars Von Trier voulait te faire tourner dans un vidéo clip ?
Arno : « Il voulait m’accrocher au dessous d’un hélicoptère par un câble, en plein mois de Novembre au dessus de Copenhague. Mais j’ai pas voulu car je ne suis pas Jean Paul Belmondo. Je suis chanteur de charme comment déjà ??? »

Raté ! Sinon, Est ce qu’en étant originaire d’Ostende tu gardes une âme de pirate ?
Arno : « Oui mais ils sont partout les pirates ! T’as un peu le look de pirate toi hein ! »

Le chek-up du chanteur Arno est il correct quand tu reçoit ton bilan d’analyse ?
Arno : « Je suis étonné de moi-même… que je puisse encore vivre. J’ai vraiment de la chance.»

Pourrais tu me parler avant de se quitter de ton rapport avec Marvin Gaye ?
Arno : « J’étais son cuisinier (rire). Je connaissais Marvin avant de me connaître moi-même…sa musique reste la musique que j’écoute. C’est la Motown. C’est grâce à eux que je suis comme je suis. Je peux pas faire la musique comme eux mais cette musique me donne beaucoup de plaisir ? »

Cette musique qui peut se révéler très destructrice également ?
Arno : « On a tous ça en nous. Le positif et le négatif donne l’électricité. Pour connaître le positif il faut rencontrer le négatif. Le diable est partout mais il faut le contrôler. »

Alors que Dieu est nul part ?
Arno : « Dieu c’est toi. Certaines personnes ont besoin d’un dieu, qui sois religieux ou venant du football, du cinéma. »

Les dieux du football sont un peu con ?
Arno : « JE suis admiratif car ils ont des cuisses comme des jambons de Parmes. Les interviews de joueur de foot c’est lamentable mais attention pire que moi c’est pas possible hein ! »

Pierre DERENSY