Voilà un exercice intéressant. Il y a quelques jours je me retrouvais avec cet album sur les bras, soit 14 titres de pop pure assez éloignés de la musique que j’écoute habituellement. Les chansons légères me plaisent à petite dose, mais rarement sur la durée. Et bien ce « Ray Guns » ne se départ jamais de sa légèreté, et pourtant il reste passionnant d’un bout à l’autre. The Bird And The Bee est un duo de Los Angeles, l’association d’un multi-instrumentiste/producteur génial, Greg Kurstin, et d’une chanteuse/compositrice à la voix de velours, Inara George. Le premier s’est déjà fait un nom dans le milieu, collaborant ou jouant avec le gratin de la pop, de Lily Allen à Peaches en passant par les Flaming Lips ou Beck. Et j’en passe, la liste est longue. Ce type n’a pas son pareil pour enrichir n’importe quel titre avec un à-propos déconcertant. Sons jazzy, percussion électro, nappes de cordes, il sait tout faire. Inara George, elle sait moduler l’atmosphère des compositions : elle peut jouer la carte de la berceuse mélancolique (« Lifespan of a fly »), mimer Shirley Bassey dans une atmosphère à la James Bond (« Witch ») ou se prendre pour une diva du R&B (« Love letter to Japan »). Chaque morceau est ainsi paré d’une couleur différente, et en même temps, il y a dans l’album une unité, une maîtrise, et ça fonctionne à la perfection. Chaque écoute supplémentaire révèle de nouveaux aspects qu’on n’avait pas perçus la fois précédente : tiens ici j’aime bien les petits chœurs de soprano en arrière-plan, et ici ce petit clavier qui me fait penser au Japon, et là ces boucles bizarres et cette basse dansante. Chaque titre pourrait être un tube. Je serais programmateur radio ou responsable de la promo de ce duo, je ferais tourner en boucle « Polite Dance Song » : un morceau à la fois pop, menaçant et excitant, un petit bijou : du Lily Allen venant se fracasser dans un mur du son de synthés vrillés. Franchement, je ne vois pas de raison à ce que cette musique ne soit pas diffusée prochainement à grande échelle. |