Steeple Remove est l’avatar français d’une tradition rock qui se perpétue depuis une trentaine d’années. C’est une histoire qui commence de l’autre côté du Rhin dans les années 70. Des teutons inspirés innovent en utilisant les nouvelles technologies électroniques : ils s’appellent Can, Kraftwerk, Klaus Schulze et aiment les ambiances atmosphériques. Le krautrock est né. Toujours à l’affût des nouvelles tendances, Bowie déboule à Berlin accompagné du génial Brian Eno en 1977 pour respirer l’air du temps. La trilogie berlinoise Low/Lodger/Heroes pose les canons de la future cold wave. 10 ans plus tard, les shoegazers anglais Jesus & Mary Chain, Ride, My Bloody Valentine, Spacemen 3 ou leurs cousins américains de Galaxie 500 livrent une version saturée de fuzz de la bête : le krautrock revient en force en se mêlant aux influences Stooges/Velvet. Depuis, le genre s’est insinué un peu partout : dans les longues plages du post rock (Godspeed, Mogwai, Besnard Lakes), dans l’electronica cotonneuse de James Holden ou Nathan Fake, dans le néo psychédélisme californien de Brian Jonestown Massacre ou des Warlocks, dans les sucreries de Broadcast ou les rêves de Sigur Ros. Et Steeple Remove dans tout ça ? « Electric suite » est un peu une somme brillante de ces influences. On y retrouve des synthés atmosphériques, une voix détachée soufflant le chaud et le froid, des guitares sales et des basses pesantes. C’est un disque qui conjugue énergie, onirisme et mélancolie, pas franchement gai mais ne se complaisant pas dans la neurasthénie.
C’est très bien foutu et ça se réécoute avec plaisir. Mention spéciale pour les titres « Images » et « Still Life » : 2 morceaux percutants, d’une efficacité redoutable. |
