Et si Arnaud Michniak était, avec « Point perdu », enfin reconnu à sa juste valeur, et si son importance se révélait, peut-être pas au grand public, mais au moins aux vrais amateurs de musique moderne, de musique urbaine, alternative, foisonnante, excitante. Alors qu’il a décomplexé (mot à la mode) le rock Français avec ses fondamentaux Diabologum notamment avec l’hallucinant « 3 », alors qu’il a devancé tous les artistes Français de slam avec Programme dont les albums sombres, intrépides étaient autant d’incursion dans un univers outrageusement politisé. Du slam plus politique que seulement poétique et toujours plein de sens. Avec « Poing perdu », disque sous son propre nom, il nous offre le chaînon manquant entre ses deux expériences précédentes. Si parfois on croit entendre Diabologum à son meilleur sur « Mille voix », c’est pour mieux nous rappeler d’où il vient. Si parfois ceux sont ses tentations slam qui reprennent le dessus (« Mourir idiot »), c’est pour mieux nous montrer où il va. Ce choc des cultures, ce combat des natures, se révèle une explosion rock/hip-hop/électro/slam où le déversement électrique s’accompagne des mots toujours précis, tranchants, anarcho-nihilistes d’un poète urbain dont le talent, la percussion n’ont d’égal que l’intransigeance et la fuite en avant vers quelques expériences ultimes (« A travers les gens comme au fond de moi »). Loin des sentiers battus, qu’ils soient rock, slam ou même hip-hop, Arnaud Michniak poursuit la contemplation de son monde et de notre monde et fait de ses thématiques un art à penser, et de ses sons un art à écouter. |