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Jeffrey Lewis (Toulouse)
 

par Jean-Marie Bellouard (04/01/10)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

Un peu par hasard,j'apprends que dans ma bonne ville de Toulouse se tient un festival de musiques alternatives (F.A.M.) dans le cadre duquel se produit un des chantres du mouvement Antifolk, Jeffrey Lewis. Trois réflexions me viennent à l'esprit: 1/ j'ai jamais eu l'occase de voir Jeff Lewis en concert, c'est le moment où jamais 2/ putain mais le concert est à côté de chez moi, cool! 3/ l'antifolk, bordel, ça existe toujours ailleurs que dans le cerveau des Herman Düne?

Après quelques investigations, il s'avère que le lieu de concert se trouve être une galerie d'art contemporain, le Lieu commun, dans lequel seront exposés des extraits des comics de Jeffrey Lewis. Le concert aura lieu le jour du vernissage.

M'y voilà donc, traînant à mater les œuvres exposées, en attendant que la première partie fasse sa balance. J'entends des gens parler d'Adam Green, d'Herman Düne, une affiche avec « Turner Cody » (un grand blond qui était à la colle avec les Herman Düne) trône sur un mur: je suis impressionné, je ne pensais pas que l'Antifolk était encore si vivant dans les esprits! J'avoue ne pas avoir mis ma bonne vieille compil Antifolk (de 2002) sur la platine depuis quelques années... il y avait pourtant de bons trucs (Brian Tilpin et son « Tramp star » et Grey Revell avec « Gone, gone » ne sont jamais sortis de mes petites compiles perso). Bref, la première partie est prête, et enchaîne quatre titres tambour battant. Il s'agit visiblement d'un groupe monté pour l'occasion, agrégat de membres de groupes présents pour le festival. Et bien franchement, mis à part les vocaux qui ne sont pas assez audibles, le son des grattes est super: ça sonne comme du Feelies saturé (et saturé juste ce qu'il faut, les guitares sont nickel) avec la basse de Joy Division, la batterie au diapason.

Ca paye pas de mine, c'est court, mais c'est bien sympa. Après un petit coup d'oeil aux oeuvres de Jeffrey Lewis, voici donc le zigue qui se pointe: chemise à carreaux bleu et noirs, cheveux longs, filasses, qui se font rares, épaules rentrées : ça me fait marrer, peut-être est-ce l'ambiance « comics indépendants », mais je pense tout de suite à Joe Matt, cet auteur de Comics qui se décrit un peu ainsi dans ses Bds (je ne saurais trop vous conseiller « Striptease » ou « Pauvre type », c'est hilarant). En gros, Jeffrey Lewis fait un peu ado trop vite vieilli. Le concert commence, les Junkyards qui l'accompagnent sont son frère Jack, à la basse, et un batteur. En fait il y a un petit problème de balance car la basse est trop en avant (ça sonne presque glam, du coup), et la guitare de Jeffrey Lewis est très discrète (ce qui déssert les titres les plus rock, qui finalement ne décolleront pas trop). Ce n'est pas trop grave car cela ne fait que rappeler l'aspect lo-fi, et ça colle bien aussi avec le total amateurisme des vocaux, entre la diarrhée verbale (habituelle) de Jeffrey Lewis et le chant plus qu'approximatif de Jack. Ces réserves posées, il faut bien dire que tout se passe bien, car l'important, ce sont les vocaux et cette ambiance sympathique et bon enfant. Je ne connais pas trop la discographie de Jeffrey Lewis, mais je reconnais son « You don't have to be a scientist to do experiments on your own heart » (forcément, elle est sur la compil Antifolk) et pas mal de titres de son dernier album (j'avoue les reconnaître rétrospectivement, j'ai acheté l'album sur place, ah ah oui je suis un traître!) On a donc pas mal de titres à tonalité folk, mais aussi une majorité de titres plus rock, plus rythmés: comme évoqué plus haut, pour des raisons de sono, il n'y a pas trop d'ampleur, ça sonne juste comme du folk électrifié mais pas amplifié: bah, ça le fait quand même!

A trois reprises, Jeffrey Lewis interrompra son show pour présenter des projections de strips de sa composition sur lequel il chante en matière de sous-titres: il s'agit d'épisodes marquants de l'histoire des Etats-Unis. La saga du Mayflower, l'histoire de Sitting Bull et l'épisode des missiles de Cuba. C'est assez étrange mais pas du tout inapproprié dans ce lieu dédié à l'art. Les strips sont bien faits, pas du tout caricaturaux, mais étrangement dénués de toute traçe d'humour (un peu à la façon de la récente genèse de Crumb). Après une grosse heure de concert, me voilà rassuré: le fameux mouvement Antifolk, qui me semblait avoir vécu, délaissé par les Herman Düne en route vers des territoires plus mainstream, comme par Adam Green, dont la production est à mille lieux de l'amateurisme voulu des Moldy Peaches, est toujours vivant à travers Jeffrey Lewis! Et succès ou pas, comme il le dit dans une de ses chansons, jamais il ne laissera tomber son groupe de rock, même sous la pression de son label! Un vrai de vrai, dur de dur comme on les aime!

En aparte, je voudrais parler du Comic de Jeffrey Lewis, Fuff, dont j'ai acheté le premier numéro: il dessine pas mal, et les histoires sont plutôt rigolotes. C'est pas de l'anglais compliqué, donc à la portée de nous autres pauvres frenchies. En plus, dans le numéro 1, il y a une petite histoire du punk new yorkais. Je dis pas que j'y ai appris quelque chose de neuf, mais c'est pas mal fait, et finalement c'est rigolo de voir d'où il tire ses influences, non?