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Rock Story #4 : Roxy Music
 

par Jean-Marie Bellouard (02/08/09)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

Nous sommes en 1972, soit l'âge d'or du Glam Rock. Pour rappel, le Glam, c'est cette forme de rock british "à paillettes", très théatral, transpirant une fascination pour les ambiguités sexuelles, au son foisonnant, dégoulinant, parfois brillant (forcément), souvent "too much", qui a produit quelques chefs d'oeuvres avant de dégénérer dans ses propres bouffissures et de disparaître.

En 1972, donc, les représentants du Glam se tirent la bourre, générant des oeuvres passionnantes.

Mais si Marc Bolan et David Bowie sont les rois du Glam, Lou Reed sa courtisane, Slade et Mott the Hoople les prétendants au trône, Glitter sa honte... ce seront ses bouffons qui en produiront le Grand Oeuvre: les trublions géniaux de Roxy Music. Avec un premier album remarquable et remarqué, simplement intitulé "Roxy Music", ils s'imposent magistralement, tant au niveau musical qu'à l'image : une pochette représentant un travelo (ça sera leur marque de fabrique) et des costumes extravagants confinant au ridicule (les membres du groupe sont en habits moulants, couleur flashy, à paillettes ou à plumes: le livret du disque vaut le coup d'oeil), de bonnes mélodies, d'excellents musiciens, inspirés et avant-gardistes et un chanteur charismatique. On tient là le "Sergent Peppers" du genre.

La vidéo choisie est une version live de la première chanson du premier album, "Re-Make / Re-model", une claque énorme qui a influencé moults artistes bien au-delà de la sphère Glam (avec des répercussions encore aujourd'hui, de Placebo à MGMT en passant par Franck Black, Radiohead et Pavement). On y voit d'une part Bryan Ferry en crooner prolo, la peau collante de sueur, boudiné dans ses costumes. A l'autre bout de la scène se trouve l'âme damnée du groupe, drôle d'oiseau vêtu de peau de léopard ou de plumes: Brian Eno, la caution artistique, qui découvre avec bonheur les bruits bizarres que peut produire un synthé. Et puis les autres, non moins bons: Phil Manzarena, la bave au lèvres, joue de la guitare comme un bucheron de la tronçonneuse, et se mesure en combats épiques à Andrew MacKay au Saxo. La section rythmique est béton et assure la cohérence de ce joyeux bestiaire. Notez ce refrain absurde « CPL593H », à savoir la plaque d'immatriculation de la voiture de Ferry: génial et grand-guignolesque à la fois!

Si vous êtes curieux, cherchez d'autres vidéos de l'époque ça vaut le détour: rien que pour voir les différents costumes d'Eno, ou le batteur Paul Thompson trop musclé, engoncé dans des t-shirts moulant roses, ou encore les lunettes énormes de Phil Manzarena qui le font ressembler à une grosse mouche bruyante. Après un deuxième album réussi ("For your pleasure", avec... Amanda Lear sur la pochette), Eno quitte le navire. Sans cet aiguillon, le Roxy du crooner Ferry rentre dans le rang petit à petit pour finir par sombrer dans la médiocrité. Ferry se contente aujourd'hui de roucouler devant les vieilles dames. Le nom d'Eno, lui, sera associé aux plus belles heures du rock au fil des décennies. Restent ces débuts fulgurants et ces témoignages d'une folie communicative.