Au risque de répéter inlassablement les mêmes clichés, il règne à Barcelone une ambiance extrêmement particulière, sorte d’aura artistico bohème qui en fait une place de choix sur la scène contemporaine internationale. Toujours à l’avant-garde des courants, la capitale catalane ne s’essouffle pas, loin de là. Rendue ivre par le vent d’est, elle nous accordait cette année, le privilège d’assister à la quinzième édition du festival de musique et d’arts contemporains SONAR. Une gorgée pleine de découvertes, de fortes excitations, de soleil et de mer et bien sûr de rythmes digitaux.
Malgré quelques protestations des riverains, cette année encore, la résidence de jour prenait place dans le cadre privilégié du MACBA (musée d’art contemporain de la ville de Barcelone. Dans ce bouillonnant écrin mêlant tradition et modernité se produisait pas moins de quatre scènes alternant Live et DJ Set de grande qualité.
Au milieu d’une kyrielle d’artistes, on donnera une mention très spéciale pour la prestation du collectif japonais OSAKA INVASION qui fournit plus de trois heures durant, une expérience unique, bouleversant littéralement les limites des genres. Du hip-hop breakcore junglisé et puissant de Ove Naxx, au punk maso déluré et complètement atomisé de Bogulta.
On apprécia aussi le tonitruant Kid Acné, qui fit mouche sur la grande scène balançant sous un soleil de plomb, son flow massif et ses beats assaillants. Beaucoup attendait des merveilles du show des Duloks, ce trio anglais de jeunes filles sportives et farfelues. On ne trouva pour notre part qu’une chanteuse excitée et un peu trop bavarde…Plus de paroles que de musique, dommage car il y avait certainement du potentiel dans cet entrain naïf et décomplexé, dans cette envie spontanée qui doit autant aux Robots In Disguise qu’aux Lesbians On Ecstasy.
Et puisque nous étions en Espagne, comment ne pas parler de l’affiche ibérique de ce festival, débordant d’originalité. Et tout particulièrement Arbol, emmené par ses deux chanteuses à la voix d’ange qui au son des violons plongèrent l’auditeur dans des limbes de douceur.
Saluons aussi la performance stratosphérique de l’écurie britannique Counter Records, filiale rock de la mythique maison Ninja Tunes qui aligna pour cette édition de SONAR ses plus beaux représentants. The Heavy, formation méconnue, aux frontières de la soul du rock et du funk qui explosa comme une bombe et fit entendre sa déflagration jusque dans les ruelles étroites et animées du Raval…
La nuit tombée, l’éléctro se donnait rendez vous à la Fira Gran Via, un immense hall d’exposition transformé pour l’occasion en gigantesque partie. Devant une telle débauche d’artistes, de watts et de décibels, difficile de décerner une palme. En compétition cette année, la fine fleur mondiale rivalisait de beats et de VJ éblouissants. Osons tout de même un palmarès, par définition bien personnel. Loin des grosses têtes d’affiches, la prestation de Chloé, égérie et DJ de l’ex-PULP, nous a comme à chaque fois ravie par la classe et la finesse de son mix juste et délicat. Boys Noize que l’on attendait au tournant comme la grosse révélation de l’année 2007 n’a pas déçu, se révélant tout aussi brillant en live que dans leurs galettes de remix. Tirons aussi notre chapeau à Bonde Do Role, bande de brésiliens éclectiques qui reprenaient à l’arrachée le flambeau d’une MIA absente pour maladie et qui s’en sont, pour le moins, très bien tiré.
2008 restera donc comme un très bon millésime pour SONAR. Ce fut une édition variée, diverse, ouverte sur le monde et les formes d’expressions artistiques qui le compose. Ce fut enfin et surtout, une vitrine exceptionnelle pour plonger les yeux et les oreilles dans la musique du futur qui, qu’on le veuille ou non, se construit d’ores et déjà aujourd’hui…. |
