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David Eugène Edwards (Woven Hand, 16 Horsepower)
 

par Paul Cordahi (21/03/08)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 


Cela faisait déjà des années que le personnage à la fois profond, sincère, et terriblement mystérieux que représente David Eugène Edwards m’intriguait. Bien entendu, ce fut avant tout par 16 Horse power que nous avions fait connaissance. Mais aujourd’hui l’histoire est toute autre puisque c’est dans le cadre de sa tournée française avec Woven Hand qu j’ai eu la chance d’en savoir plus sur ce personnage emblématique d’un folk sombre et authentique.

David Eugène, qui sont vos héros en musique?

Tous ces gens que j’écoute encore, quelques soient la manière ou le lieu, eux sont mes héros. Il y a bien sûr le Gun Club. Ils ont été tout pour moi quand j’avais 16, 17 ans. Et puis ensuite beaucoup de musique folk avec Bob Dylan bien sûr. De la musique country aussi : Johnny Cash. Et la révolution cold wave, à commencer par Joy Division, puis toute la musique de la scène de la Factory. J’admire Mick Harvey.

Et des groupes Français?

Il y plein de folk à la française que j’adore, comme des sons « musettes » (il me décrit alors la boîte a musique qui fonctionnait avec des papiers perforés), mais je ne connais pas les noms des gens qui ont écrit les morceaux ! (Sourire). Ce sont les images qu’évoque ce type de musique que j’aime.

Vous faites assez souvent référence à la bible dans vos textes. Est ce que vous n’avez pas l’impression d’écrire une prière quand vous écrivez vos textes?

Je n’en sais rien (Rire). En règle générale je compose d’abord la musique. Pour le reste, j’ai toujours un cahier avec moi, sur lequel j’écris des idées, des phrases, des mots qui me viennent de rêves, de livres, des phrases dites par quelqu’un. Après, je pioche dans ce cahier des éléments que j’imagine pouvoir coller avec la musique.

Peut-on dire que vous vous concoctez un patchwork de mots et d’idées toujours disponible pour un nouveau morceau ?

Cela résume parfaitement l’approche employée. Il faudrait que je note cette phrase quelque part (Rire).

La religion est-elle pour vous une question d’éducation ou une révélation personnelle?

(Temps de réflexion marqué par DEE, il regarde loin et longtemps, j’ai cru l’avoir perdu dans le désert pendant un instant)
Pour moi c’est les deux. J’ai clairement eu une révélation, non pas recherchée ou forcée, c’est arrivé tout seul. Dieu m’apprend tous les jours, m’éduque tous les jours, me montre la route. J’établis une relation de proximité avec mon dieu.

Quand vous chantez sur scène, on a l’impression qu’il y a quelque chose qui a besoin de sortir, d’exploser?

Je ne connais pas d’autres moyens pour faire ma musique. Je ne force rien, la musique vient toute seule. Je veux communiquer avec les gens de la manière la plus naturelle pour moi, et je n’apprécierai pas de le faire de la même manière qu’en studio, bloqué sur ma chaise. Mais pour autant, la démarche scénique n’est pas quelque chose de facile à faire pour moi.

J’ai pu lire que le diable sortait de vous quand vous chantiez sur scène. Vrai ou faux?

Complètement faux ! (Rire). Merci pour me laisser la liberté de m’en défendre. Je partage juste un moment avec mon public. Rien de si cruel.

A écouter vos différentes formations, il y a eu beaucoup d’évolution de sons et d’ambiances au cours de votre carrière. Est ce que ceci fait partie d’une recherche bien particulière, ou bien ça vient comme ça vient?

C’est un mélange des deux. Tu changes, tu deviens plus sélectif sur les sons que tu choisis, sur la manière de le faire. Tu commences à t’intéresser à des sons, à des mixtures différentes. Il faut s’ouvrir. Aux USA, les frontières musicales ne sont pas très ouvertes quand on parle de musique folk, c’est dommage d’ailleurs !


Comment décrieriez vous cette évolution de votre son?

J’ai plein d’envies en moi. On a fait 16, très Western Punk attitude. Puis, je me suis intéressé à l’histoire de ma musique et de ma famille. Mais je ne pouvais plus rester là-dessus, il fallait que j’évolue.
Maintenant, c’est donc plus les musiques médiévales et indiennes qui m’intriguent. Il y a beaucoup d’inspiration indienne dans woven hand.

Est ce que cette évolution peux expliquer les évolutions dans les instruments que tu utilises?

Bien entendu. J’adore le Banjo, il reste mon instrument favori à jouer, mais il dégage un son agressif et sec, comme une percussion. C’est peut être parce que j’ai joué de la batterie pendant 6 ans que j’aime tant le Banjo. Maintenant, j’utilise toujours un banjo, mais en bois. Il ressemble à une mandoline, mais c’est un Banjo de 1887. Son corps en bois, et ses cordes en nylon lui donne une profondeur et une douceur de son plus grande qu’un Banjo traditionnel.

Vous êtes toujours en recherche de nouveaux instruments ?

Si j’avais plus d’argent, j’en achèterais pleins. Tout ce que j’achète je l’utilise a fond.

Avez vous toujours ce premier banjo qu’un de vos amis avait trouvé dans une poubelle et vous avait offert ?

Je l’ai donné à mon tour ! (Rire). De toutes les manières, il sonnait vraiment mal. Ce n’est pas pour rien que son propriétaire l’avait jeté. En tout cas, il était très bien pour commencer.

Vous dites que les changements de musiciens que vous avez pu effectuer n’étaient pas souhaités par votre public, mais que vous l’avez fait quand même, et sur votre DVD, vous remerciez votre public de vous avoir suivi, tout en lui dédicaçant ce DVD. Comment considérez vous votre public ?

Je ne pense pas trop au public. D’un point de vue musical, ça me détruirait. Je ne compose pas pour que ça plaise à un public, mais avant tout pour que ça me plaise. Bien entendu j’adore être suivi par un public, c’est ça qui me permet de vivre la vie de musicien que j’adore.

Comment est arrivé le succès pour vous ?

Ça a commencé au Etats-Unis (Colorado), avec les « Denver Gentlemen ». On tournait au début sur des petits shows, puis ça a grossi petit a petit. On a fait une démo sur cassette, puis cette cassette est allée jusqu'à Los Angeles. On a rapidement été signé sur un label ensuite.

Comment avez vous vécu ce moment ?

J’étais à la fois très content et angoissé. Je n’avais aucune idée de comment ça allait se passer. Je me concentrais à bien faire ce que j’avais à faire, c’est à dire jouer ma musique. Ceci est toujours le cas d’ailleurs.

Pour 3 millions de dollars, tu ferais un titre dance pour Britney?

(Rire) Montre- moi la couleur des 3 millions, j’y réfléchirais autour d’un verre !

Comment s’est passée la rencontre avec Bertrand Cantat?

Se sont Pascal et Jean-Yves (les autres membres des 16 HP) qui le connaissait. Il a écouté nos CD, il a bien aimé, et a demandé que l’on tourne avec lui. De l’amitié entre nous s’est installé petit à petit. Au final, on avait pas mal d’inspirations en commun, et la même manière de voir les choses.

Vous êtes toujours en contact avec lui?

Oui, je le vois demain.

Vous avez beaucoup travaillé sur des projets parallèles avec de la vidéo, de la danse, du théâtre. Voulez-vous continuer ce type de travail ?

C’était le bon moment. Ce n’est pas quelque chose que j’ai recherché, ce sont les gens qui nous ont contacté pour créer ces projets avec eux. A chaque fois, on n’y connaissais rien avant, et on a pris beaucoup de plaisir a le faire.

Pourtant vous dansez dans l’un des clips de 16 HP ?

Si on peut appeler ça danser, merci de m’avoir rappeler ce terrible moment ! (Rire).

Avez vous l’impression que tous ces projets vous ont mené plus loin ?

Bien sûr. La concentration était différente. Tu es au milieu d’une équipe de théâtre et tu dois faire attention a tout ce qui se passe autour de toi. Tu n’es plus uniquement concentré que sur les accords, la voix, mais réellement sur un ensemble. En même temps, ça peut paraître opposé a ce que je disais avant, mais tu as la sensation d’une grande liberté, tu n’as pas de limites, tes morceaux peuvent durer, tu peux rester sur 2 ou 3 lignes des textes, sans contraintes… j’ai adoré faire ces projets, et j’ai aussi adoré être capable de faire ces projets.

Quelles voies musicales aimeriez-vous explorer maintenant ?

Ce que j’aime faire, c’est prendre des éléments sonores qui m’ont inspirés et les mettre en musique. Ce sont parfois des sons d’instruments, d’autres fois des sons d’animaux ou des sons de machines. J’utilise ces sons pour trouver des mélodies ou bien des rythmes. Je pousse la recherche pour toujours trouver quelque chose de nouveau.
J’adore tous les types d’art, mais plus encore j’aime les coudre ensemble. Mon but est de continuer à juxtaposer ces éléments dans un sens intéressant, et qui me motive.

J’ai rencontré des musiciens, de vrais puristes du jeu de banjo. Je les respecte, mais je n’aime pas leur attitude. Ils veulent « protéger » la manière de jouer cet instrument pour qu’elle ne soit pas marginalisée. Il y a quelque chose d’arrogant derrière.
Il a tellement de choses en moi, de choses qui m’intéressent, que je ne peux pas me limiter à explorer une seule direction.

Vous seriez intéressé à rajouter des sons électroniques par exemple ?

Je travaille déjà beaucoup avec des sons électroniques. J’aime bien humaniser des sons organiques.

J’ai pu remarquer qu’au début de chacun de vos concerts, il y avait quelque chose qui n’allait pas bien. Soit vous devez régler le compte à l’ampli a coup de boots, soit vous gifler le micro qui semble indéniablement avoir envi de tourner encore plus dans la mauvaise direction après !

(Rire) Tu sais, j’arrive sur scène, et ce n’est jamais confortable. Je dois jouer, chanter, faire le show… ça fait beaucoup. Je n’aime pas cette situation ou tu te bas avec toi même. Je ne suis pas un « entertainer ». Je ne sais pas comment décrire ce que je fais. Je ne me sens pas musicien, chanteur ou entertainer, et en même temps, quand j’arrive sur scène, et je dois quand même faire tout ça ! Je laisse alors les choses aller comme elles viennent, avec tout le stress qui peut être lié a cette situation peu confortable pour moi.

Comment voyez le futur maintenant ?

Je ne vois pas le futur. Je laisse la vie se dérouler. J’essaye d’être meilleur jour après jour, tout en laissant le stress et les mauvais souvenirs derrière.

Et votre prochain Album ?

Le prochain album sera plus rock, et a la fois plus dramatique. J’espère qu’il sera notre meilleur Album.