Comme toutes rentrées et faisant suite à la bien morne période estivale pour ceux qui ne partent pas au soleil, celle de septembre-octoble 2005 sera une nouvelle fois animée. On va se perdre sous les nouveautés plus ou moins intéressantes, plus ou moins détonantes, crouler et peut-être se noyer sous les tonnes de disques de qualité inégale. Entre celles que nous avons eues la chance d’écouter avec tout le monde et celles dont nous avons entendu quelques rumeurs, il y a de quoi alimenter notre frénétique besoin de nouveaux disques.
D’abord l’artillerie lourde, les bodybuildés et multimillionnaires du rock qui se sont donnés le mot pour éditer dans la même période deux disques en opposition de phase la plus complète. D’abord les Rolling stones dont l’utilité dans le monde du rock est devenue inversement proportionnelle à leur compte en banque pour « A bigger band ». A quand la retraite, messieurs ? Puis le dernier Beatles qui a compté, à être toujours en vie, Paul McCartney nous offrirait avec « Chaos and creation in the back yard », son meilleur disque depuis des lustres. Vraie ou fausse rumeur ? On ne sait pas puisqu’on ne l’a pas reçu. En France, c’est Noir désir qui fera l’activité avec un Live (« Noir désir en concert ») et un DVD (« Noir désir en images »), histoire de meubler les années de silence obligé. On fera avec, car quel que soit l’état de la musique en France, Noir désir nous manque et nous manquera longtemps encore.
Moins riche, moins vieux, mais qui ont beaucoup plus marqué notre adolescence que les Beatles et les Stones réunis, sortent coup sur coup un best of de l’ex. leader des fabuleux Stone roses, Ian Brown (« The greatest ») ainsi que les albums des toujours vivants Echo and the bunnymen (« Siberia ») et des toujours frétillants (au moins sur scène) Gang of four (« Whitey's Gift »).Est-ce la peine d’aborder le sujet des pathétiques Prodigy dont la compilation de singles « Their Law - The Singles 1990-2005 » arrive ?
Dans l’ensemble, tout cela n’a pas grand intérêt voire pire. C’est donc avec les incroyables Islandais Sigur ros et les non moins hallucinantes Coco Rosie qu’on passera cette rentrée. Avec « Takk » pour les premiers et « Noah’s ark » pour les secondes, deux disques à la mélancolie automnale, parfait pour entrer doucement dans l’hiver. Deux disques d’esthètes qui s’offrent à nous à la manière d’une présence divine, diffuse et confuse, féerique et masquée. Et comme quand on parle de Coco rosie, le prolifique Devendra Banharts n’est jamais très loin, on le retrouve pour un nouvel album titré (« Cripple crow »). Elysian Fields devrait aussi nous émerveiller avec « Burns raps & love taps ». A la manière de ses albums précédents d’ailleurs. Si on y ajoute le nouvel album des méconnus Calla (« Collisions »), on peut dire que la post-pop (et rock) lunaire et le néo-folk se portent bien, merci pour eux.
La pop moins post mais beaucoup plus facile d’accès et (cela ne changera pas nos habitudes) bien représentée et cela dans de multiples directions. On aura droit à l’éloquence et l’ambition des estimables Elbow pour « Leaders of free world», à la simplicité, la clairvoyance et la générosité de Nada surf pour un très bon « The weight is gift ». Et puis, il y a Deus dont le nouvel album « Pocket revolution », dont on n’a rien entendu pour l’instant, ne peut être qu’excellent. Comment pourrait-il en être autrement tant les Belges sont ce que l’Europe continentale fait de mieux depuis de longues années déjà ? On est prêt à prendre les paris tant on a confiance en eux.
Ce mois-ci les nouveaux groupes venus d’outre-manche ou de l’autre coté de l’Atlantique se nomment The Dead 60’s, pour le meilleur, avec un premier album éponyme et The Paddingtons, pour le plus banal avec « First comes first ». Dans les deux cas, ça oscille entre de bonnes chansons et quelques ratés, ça déménage souvent, mais nous montrent rapidement leurs limites de groupes les deux pieds dans le passé. Moins nouveaux, beaucoup plus bileux et pour information, c’est le nouvel album de Starsailor. On aura peut-être encore droit à un remix accrocheur bien plus agréable que l’ensemble de leur discographie. Ou encore pire (si c’est possible), l’album de My chemical romance (« Three cheers for sweet revenge ») dont il n’y a rien à tirer. Pas même un single ou un hypothétique remix. Rien de rien.
Pour le rock et la pop c’est à peu près tout, sauf à classer Rhinocerose et Audio bullys dans cette catégorie. On n’aurait pas tout à fait tort d’ailleurs. Les Français comme les Anglais reviennent chacun avec un album (respectivement « Schizophonic » et « Generation ») qui s’annonce au pire efficace au mieux transcendant. On attend aussi le nouvel album des étranges Broadcast (« Tender buttons »), inévitable ouverture vers de curieuses acrobaties sonores complexes qui réclament patience et don de soi, et qui, une fois intégrer, se transforment en de multiples voyages féeriques ainsi que le deuxième tome des aventures électroniques d’Extra extra ! dont le premier album, avec notamment leur hymne dance-floor « Perfect bore », nous a longtemps poursuivi.
Comme souvent ces derniers temps, le hip-hop est le parent pauvre de cette rentrée. Seuls Princess superstar avec « My machine » et surtout les importants Blackalicious viennent frapper à notre porte avec deux disques à découvrir prochainement. De la première, on attend du fun, de la pêche et du sexe, des seconds des tentatives pour donner un nouveau souffle au hip-hop qui en a bien besoin.
Harry.
Sigur ros – Takk
« … Le retour des Islandais de Sigur ros est encore une merveille. Avec leurs chansons vaporeuses, peuplées d'étranges lucioles ("Glasoli"). Elles sont dans un premier temps inaccessibles avant de nous envahir corps et âme sur la durée. Des chansons au long cours qui s'étendent et se détendent… »
Coco rosie – Noah’s ark
« …La maison de nos rêves revient et elle se nomme, pour ceux qui seraient passé à coté, Coco Rosie. Elle revient encore plus belle, mélangeant toujours son minimalisme poétique à une électronique diffuse et meurtrie. Grandiose les vignettes de Coco Rosie n'ont que peu d'équivalent. Elles sont à la hauteur des ambiances glacées de Sigur ros, elles sont un ballon d'oxygène…. »
Nada surf – « The wight is a gift »
« … Comme à leur habitude, au-delà des mises en forme parfois électrique (« Blankest year »), à d’autres plus pop-folk (« Your legs grow » et ses quelques cordes), Nada surf met l’accent sur les mélodies, des mélodies simples et précieuses, immédiates et culottées… »
Elbow – Leaders of the free world
« … "Leaders of the free world" est comme ça, un disque parsemé d'immenses titres et d'autres légèrement en deça mais au moins pour la poignée de grands morceaux, il mérité notre patience…. »
The dead 60’s – The dead 60’s
« …Les Dead 60's sont nés bien trop tard. Ils auraient dû naître puis mourir dans les années 60 ou mieux encore dans les années 70. Leur punk-rock magnétique se serait parfaitement integrer … »
The paddingtons – First comes first
« …La pop à guitares électriques ne laissera pas un souvenir imperrissable ("50 to a pound")… »
My chemical romance - Three cheers for sweet revenge
« … Béta, lourd, emprunté et surtout sans aucun interêt, la musique de My chemical romance est d'une innanité rare. Ce disque nous renvoie nous remémore des plus mauvais moment d'une pop et d'un rock FM… »
Audio bullys – Generation
« … Après un premier album en forme de bombe électronique, Audio bullys revient pour "Generation" un album tout autant percutant et indocile (le robotique "Eq-ing") mais aussi plus fun (le très beau "Shot your down" feat Nancy Sinatra). "Generation", un disque générationnel ?… »
Blackalicious – The craft
« …Un disque de hip-hop où les morceaux s'enchaînent la solidité dont ils ont l'habitude ("Alphabet aerobics"). Solide car leur hip-hop est construit sur des fondamentaux qui ne risquent pas de s'éffondrer… » |
