En roue libre Léonard Cohen ? Certainement pas, plutôt en dilettante, comme un amateur qui n’aurait pas besoin de sortir des disques pour vivre, qui n’aurait aucun objectif, ni commercial, ni artistique, seulement celui de se faire plaisir en écrivant puis en jouant quelques menus morceaux de son cru. Des morceaux sans importance particulière, ce qui les rend encore plus attachants. Sans fracas, sans tapage, Léonard Cohen donne un coup de griffe à tous les jeunes songwriter en mal d’intensité, à la recherche de leurs chemins et de leurs singularités. Lui, n’a pas besoin d’ankyloser ses mélodies pour les faire tenir droite, elles se suffisent à elle-même comme suffit également cette voix pas comme les autres. « Dear Heather » n’est pas le plus grand disque de Cohen, n’est pas non plus le plus grand disque de l’année, c’est juste un disque amical, la carte postale d’un type à la personnalité immense qui nous envoie des nouvelles par intermittence. Léonard Cohen a passé l’âge des rivalités, de l’ambition. Là où Elliott Smith nous livre un magnifique disque post mortem, là où Bob Dylan, autre survivant, manque d’inspiration et donc édite une autobiographie dont on se tape profondément, Cohen sort son nième disque de qualité supérieure. Dernier monstre sacré encore en vie, artistiquement parlant (avec Neil Young), Léonard Cohen est toujours bien présent parmi nous. « Dear heather » en est la preuve bien palpable. |