Faisons simple et précis, « Let-it die » de Feist, est un disque formidable, éclectique dont on tombe au mieux amoureux, au pire sous le charme dès les premières écoutes. La Canadienne se révèle une grande auteure qui, si sur scène elle demeure un peu en deçà, est autant capable d’écrire des mélodies riches que de les mettre en forme de la façon la plus adéquate (« Gatekeeper »). En pop et soul, jazz et folk, les fonds sonores changent pour donner différentes humeurs, de multiples coloris aux chansons successives. Des humeurs qui se greffent sur notre âme comme une prothèse remplaçant les pilules du bonheur (« Inside and out », « Now at last »). Alors que beaucoup font l’apologie du nouvel opus de Norah Jones, qui ne manque d’ailleurs pas de qualité, Leslie Feist se trouve tout de même un ton au-dessus, et touchera certainement, nettement moins de monde. Moins lisse plus revêche, sa musique est emplie de fissures qu’elle tente en vain de reboucher par retouches pertinentes. « Let it die » est un disque féminin, c’est-à-dire à la fois humain, plein d’intelligence et de subtilité, de tendresse et de beauté (« One evening ») mais c’est aussi un disque qui sait mettre les mains dans quelques perversions cachées (« Secret heart »). C’est aussi un disque où chaque recoin dénote du talent irrévérencieux de Gonzales, invité spécial derrière les manettes, toujours aussi étrange. Une étrangeté qu’il transmet à un disque qui ne cesse de surprendre. Décidément tout est réuni sur « Let it die », pour que Leslie Feist devienne la nouvelle égérie à la mode pour quelques bourgeois-bohême en mal de crédibilité. On espère qu’elle échappera à ce piège malfaisant et continuera à nous offrir des merveilles à la hauteur de ce disque impalpable. |