En signant son retour par "Rough dreams", Shivaree confirme tout le bien qu’on pensait d’eux et même plus. Groupe de rêve et chanteuse fantasmagorique, le trio laisse plus régulièrement au bord de la route le gospel-folk mélancolique et lunaire de leur premier opus (que l'on retrouve sur le transitoire "Wagers"), s’énerve un tantinet, branche régulièrement les 220 volts et flirte souvent avec l’électronique ("All because you told le so" ou le magistral "Gone too far"). Comme tout le monde me direz-vous ? Eh bien non, ils le font mieux. En fait "Rough dreams" de Shivaree est un peu l’album que Garbage désire écrire depuis leur début sans jamais y parvenir, un disque de Garbage sans le coté soupe pour radio FM. A partir d’aujourd’hui, on dira plutôt que Garbage fait du sous Shivaree, tant des titres comme "Thundercats" et "Reseda casino" sont grands. Shivaree éclate ses propres limites, se libère avec facilité d’un premier disque réussi et exploite au maximum toutes les influences engrangées depuis leurs adolescences (jazz, blues, rock, électro) comme sur "After the prince and the showgirl", "Ten minutes" ou sur le grandiose "John, 2/14". Les arrangements gracieux semblent indociles et la musique des Américains se transforme en une collection de vignettes musicales, éclectiques bien que moins désordonnées. Et si par moments, on croit écouter une sorte de hip-hop bizarre et électrique (sur le final en duo "Flycatcher"), nous ne sommes pas en train de dormir, c’est seulement Shivaree qui s’est réveillé en milieu urbain et qui décline (bien qu’ils vivent à présent à la campagne) organiquement tout un pan de la musique Américaine. Attention : prévoir la place dans la discothèque car "Rough dreams" est vraiment un chef d’œuvre. |