Recherche

 
 
Timber Timbre - Timber Timbre
 
Josh T Pearson - Last of the Country Gentlemen
 
Pegase - Another World
 
Phoenix - Wolfgang Amadeus Phoenix
 
V&A - Watergate 06 by dOP
 

Rage Against The Machine - Battle of Mexico

 
 
Rock Story #41 Mark Lanegan
 

par Jean-Marie Bellouard (29/05/12)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

« Wall of sound ». Expression un peu galvaudée, faisant référence aux productions de Phil Spectkor: d’un fil ténu, il savait tisser une trame complexe et charnue. Donner un corps et une âme à une ritournelle des plus banales. De Mark Lanegan, on pourrait dire qu’il suit la philosophie inverse. La musique sur ses albums évoque aussi l’image de « mur du son », mais un son qui tiendrait plus du bruit blanc, d’où émerge (parfois) une mélodie. Ecouter un album de Mark Lanegan n’est jamais de tout repos : parfois, la sauce ne prend pas et le maelström sonore vous engloutit. Mais quand elle prend, on touche à des sommets de beauté. Le témoignage le plus marquant étant l’album « Bubblegum », son œuvre la plus épurée, où Lanegan, sur le fil du rasoir, ne trébuche pas une fois. Ses albums de la période « Screaming Trees » sont plus indigestes (période grunge – du vivant de Cobain, avec qui a eu quelques projets avortés). Il a collaboré avec « Queen of the Stone Age », Soulsavers ou Isobel Campbell, montrant de façon exemplaire dans ces exercices l’extraordinaire gosier qu’il possède. La collaboration avec cette dernière était assez frustrante, d’ailleurs, car de ces duos façon « la belle et la bête », on attendait toujours que la bête (Lanegan, au physique imposant) engloutisse la frêle jeune fille (Isobel Campell, à la voix douce, fétu de paille face à la puissance de l’organe de Lanegan), mais, las ! Ca n’arrivait jamais. Enfin, on retrouve Lanegan en 2012, 8 ans après « Bubblegum », sur « Blues Funerals », album à l’image de la précédente présentation : à la fois magnifique ici et indigeste là, il emporte tous les suffrages malgré tout via les moments de grâce atteints sur des titres comme celui sélectionné pour cette rubrique. Cette chanson est la suite directe de ce qu’il a commencé en solo sur « The winding sheet » (1990) avec sa reprise de Leadbelly (« Where did you sleep last night ? »). « Bleeding Muddy Waters » est issue de la tessiture même du chaos : le fond sonore, torturé, déroule un univers foisonnant qui déroute les sens. Puis, du chaos surgit l’ordre et la beauté à travers la voix de Lanegan, scandant ce cantique dédié au bluesman Muddy Waters. Faites comme moi, prosternez vous devant cette beauté là, et entrez dans la secte des adorateurs du grand prêtre Lanegan. Six minutes hypnotiques, en apesanteur : d’ores et déjà un des sommets de sa discographie.