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Rock Story #22 : House Of Love
 

par Adrien Lozachmeur (12/12/10)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

C'était un des groupes anglais les plus en vue entre la fin des années 80 et le début des années 90. House of Love étaient le fleuron du label "Creation". Ils marchaient bien à domicile (ils ont atteint le top 10 des ventes quand même!), mais leur musique ne s'est hélas jamais exportée, et le succès n'a jamais été à la mesure de leur talent. Sur leurs premiers singles, ils avaient quelques tics empruntés à la grande mouvance noisy pop qui faisait fureur à l'époque. Leurs premiers singles "Christine" ou "Destroy the heart" font péter le mur du son. Mais en fait, leur musique est irréductible à quelque mouvement que ce soit. Ils étaient vraiment au-dessus du lot. House Of Love, c'était le groupe plus classe que la moyenne, plus lettré, plus intelligent. Ils écrivaient les meilleures chansons du monde. Une telle facilité est déconcertante. Il y a toujours un groupe comme ça qui plane au-dessus de la mêlée. Si on prend la brit pop par exemple, on n'en garde pas grand chose. Et pourtant, en marge il y avait The Auteurs de Luke Haines, un groupe épatant, stylé. Et bien 5 ans avant, les rois étaient Guy Chadwick et sa bande. Dès que j'entends une chanson de Chadwick, j'ai des frissons. Je suis rarement déçu. Combien de fois ai-je écouté "Loneliness is a gun", "Blind", "In a Room", "Man to child"? Même en solo, sans la guitare de Tery Bickers et le groupe derrière, sur l'album "Lazy, soft and Slow", ça tenait largement la route. Les sources d'inspiration des House Of Love étaient les meilleures : Doors, Velvet Underground, Only Ones, Leonard Cohen. Si on s'anventurait dans les analogies un peu foireuses, on pourrait dire que Chadwick est le Cohen du rock indé. Son écriture est quasi biblique. C'est le mec qui dans une chanson va invoquer Jesus pour conjurer ses démons (solitude, alcool, drogue). Il le fait brillamment. Certaines phrases de Chadwick ne laissent pas indifférente. Sur "Shine On" il y a "Sun is cruel when it hides away". C'est pas beau ça?

Dommage que ce genre de plaisir soit si espacé dans le temps. Les tensions, la drogue avaient provoqué la séparation du groupe en 93. Il s'est miraculeusement reformé en 2005. Et pour une fois, cette reformation n'était pas du flan. L'album "Days Run Away" est plutôt pas mal, et je garde un souvenir ému de leur prestation au Nouveau Casino. House Of Love, c'est le tuyau secret qu'on se refile entre initiés. Je tiens ce plaisir de ma cousine fan de rock indé. Plus âgée, elle a connu la formation en temps réel. Et puis on se retrouve là-dessus avec quelques esthètes pointus. Pourtant, c'est une musique qui pourrait parler au plus grand nombre. Elle n'a rien d'hermétique. Sur les titres les plus rythmés, elle a sans doute un peu vieilli (ah cette sacrée bonne vieille reverb, ces guitares squelettiques à la Johnny Marr!), mais les ballades sont intemporelles, et par ailleurs le dernier album évite les écueils du son années 80. Mais bon, s'ils attendent encore 5 ans avant de sortir autre chose, ils ne risquent pas de remplir les stades! Je suppose qu'ils sont occupés à autre chose : jardinage, évangélisation, peinture, écriture, …

Sur la vidéo : 2 extraits d'un concert de 89 montrant les 2 aspects de House Of Love. «Destroy The Heart» est un de leurs classiques rock. On peut passer l'interview. «Man To Child» est une ballade merveilleuse, sans doute sur la relation filiale Chadwik père/fils, mais il faut toujours manier le sens avec précaution. Disons que c'est possible que ça soit ça. «I hope you die before you get too old». Ca ne vous rappelle rien? Phrase cruelle dans une chanson tendre et cruelle, désespérée et lumineuse.