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Tamaryn / Strange Boys (Paris)
 

par Adrien Lozachmeur (09/12/10)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

On devrait aller plus souvent à la Flèche d'Or. On y découvre de bien belles choses. Nous y voilà, un lundi soir. Minor Sailor ouvre le bal : un gentil garçon avec sa console et sa guitare. Le gars a une belle voix, il s'en sort bien. Ce norvégien a une sensibilité à la Nick Drake. Tamaryn suit de près. C'est le groupe que je suis venu voir. Ce soir, il incarne tous mes fantasmes noisy pop. J'étais trop jeune pour voir les concerts de la vague originale, au début des années 90. A l'époque des Ride, Slowdive, My bloody Valentine, je préparais mon brevet des collèges en écoutant Mylene Farmer et Debut de Soiree. Le genre noisy est à la mode depuis plusieurs mois. My Bloody Valentine s'est reformé et est passé au zénith. C'était atroce, on n'entendait pas les voix. Les américains ont repris le flambeau. On vit à l'ère des School Of The Seven Bells et autres Pain of Being Pure At Heart. Dans le genre, j'adorerais voir The Raevonettes. Mais là ce soir, c'est Tamaryn, de Californie. Tamaryn, c'est le nom de la chanteuse. Sur scène, elle ressemble à une sorcière dans sa robe noire, avec ses longs cheveux de jais et son teint blafard. Son chant est à l'image de la couleur de sa peau : évanescent. Il se dilue dans l'atmosphère. Très bien : le genre veut ça. Gros boulot du groupe! A la basse, un sosie de Klaus Kinskie, en cuir noir. Son instrument écrase tout. A la batterie, le mec qui jouait dans les pubs pour M Propre. Il est évidemment en blanc. On imagine mal un gothique jouer dans des pubs pour produit détachant. Le guitariste est important : c'est l'âme du son du groupe, il a produit l'album. Je ne me suis rendu compte qu'après le concert qu'il paraissait bien jeune. Sur scène, il était tourné vers son ampli, je ne voyais que sa chevelure filandreuse convoquant les capillosités étranges de Robert Smith ou Tim Burton ou celles plus menaçantes des frères Reid (Jesus&Mary Chain) période Psychocandy. Et lui aussi portait un cuir noir, c'est important de le signaler. L'univers de Tamaryn n'est pas un univers chamarré. On n'est pas chez Chantal Goya. Le jeu de John Shelverton apporte une coloration très rock à cette noisy pop là, bien plus que chez certains champions de la catégorie. Ses quelques notes acides sont ma foi bien excitantes. Le couple musical qu'il forme avec Tamaryn peut évoquer une autre association langoureuse : David Roback/Hope Sandoval. On y trouve cette même alchimie entre principe féminin et principe masculin. D'un côté, la touche rock, tranchante comme une lame de rasoir. De l'autre, la séduction dangereuse, le chant lunaire et mortel. J'ai acheté le CD de Tamaryn. C'est moins puissant qu'en live, mais il y a certains titres dont on ne sort pas indemne. Il faut pousser le volume sur "Love Fade" et "Mild Confusion". Ca le fait.

On passe rapidement sur Baths, un jeune DJ. C'est Benny Hill (attaque gratuite sur le physique) jouant du Aphex Twin. Musique hachée, syncopée, digne de "Windowlicker". C'est pas mal, le mec a un enthousiasme qui fait plaisir à voir. Mais on n'est pas en boîte et en live, je préfère le rock. Et le rock, en veux-tu en voilà! Les Strange Boys sont les héros de la soirée. C'est une autre bonne surprise. On croirait que ces jeunes garçons sont au collège (lorsque le guitariste s'est allumé une clope, je me suis dit que ce n'était pas bien de fumer à son âge. Je ne sais pas si ses parents sont au courant), mais ils assurent. Ils ont une vraie présence scénique. C'est du garage rock sudiste, entre Creedence Clearwater Revival et Kings Of Leon. Il y a un créneau à prendre depuis que ces derniers ont troqué leurs longs cheveux, leurs drapeaux sudistes, et surtout leur son contre une new wave héroïque qui leur a ouvert les portes des stades. Ils auraient pu être Creedence, ils ont préféré devenir U2. Les Strange Boys donc, d'Austin, TX. Encore et toujours Austin, nouvelle mecque du rock'n roll. Les SB balancent et font swinguer, chavirer la salle. Ca bouge, ça saute! Il y a déjà des fans! Ah que ça fait plaisir de voir que le rock est toujours vivant. Peu importe qu'il ne crée rien de nouveau. C'est pas de l'art, c'est de l'artisanat! La voix éraillée du chanteur fait merveille. C'est Dylan qui rencontre Rocky Erikson. Autres représentations fugacent qui se présentent alors à ma pensée : les Artic Monkeys. Ca pourrait marcher tout aussi bien. Les Strange Boys pourraient décrocher la timbale. On pourra dire qu'on les as vus avant tout le monde, dans une petite salle. La flèche d'Or, lanceur de tendances. C'est là que j'avais vu Alena Diane ou Moriarty bien avant qu'ils n'engraissent leurs maisons de disques. Chapeau bas aux responsables de la programmation.