Recherche

 
 
Dilly Dally - Sore
 
Timber Timbre - Timber Timbre
 
V&A - Watergate 06 by dOP
 
Dmitry Evgrafov - Collage
 
Lontalius - I'll forget 17
 

Daft Punk - D.A.F.T a story about…

 
 
Warlocks (Boulogne)
 

par Adrien Lozachmeur (02/12/10)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

Retardés par la neige et un kebab nous arrivons au Carré Belle-Feuille pour le début de Bonaparte. Drôle d'endroit. On a jamais vu une propreté aussi clinique dans une salle de concert. Dans les toilettes, on ne marche pas dans la pisse, les murs ne sont pas tagés, et on aurait pu dîner sur la cuvette des WC. Le hall ressemble plus à un hall d'administration. L'éclairage est normal, rien à voir avec les ambiances tamisées des salles habituelles. On peut s'assoir à des tables pour picoler en attendant le concert. Dommage qu'on ne puisse pas rentrer dans la salle de concert avec la binouze. C'est le seul excès hygiénique (ou sécuritaire?) désagréable, pour le reste, on ne va pas se plaindre. On n'est pas obligé de jouer du rock dans des endroits glauques enfumés en faisant gaffe à ne pas marcher sur des seringues usagées. Voilà pour l'accueil. La salle de concert ressemble à un amphi universitaire. On s'assoit sur des gradins, ce qui fait que ceux qui veulent rester debout pour dodeliner leurs corps endoloris par le froid ne peuvent qu'essayer de se procurer un espace vital dans les travées ou au devant de la scène. Ca conviendrait parfaitement à un concert de folk, ça n'est pas vraiment approprié pour des groupes comme Bonaparte ou les Warlocks mais qu'importe. Tant que la musique est bonne,...

Bonaparte. Une découverte. Musicalement, c'est assez moyen. C'est du punk rock basique. Par contre sur scène, le show est total. Les musiciens sont déguisés. Ils portent des accoutrements difficilement identifiables, faits de bric et de broc : des costumes napoléoniens, avec dolman à brandebourgs, bicornes, jaquettes,... des masques monstrueux, des perruques. Le dispositif est complété par des bouffons inquiétants. Ce sont des personnages qui défilent pendant tout le concert. Ils endossent des rôles successifs étranges et trash. On a ainsi pu voir une femme psychotique mangeuse de foetus, des bites géantes, un bébé avec une tête monstrueuse, une bonne soeur complètement tarée et bien d'autres choses encore. C'est de mauvais goût et donc c'est punk, du punk dadaïste en provenance de Berlin. Le chanteur est suisse comme les dadas. Sur le coup ça m'a fait penser au "Lipstick Traces" de Marcus : pour être punk, il faut laisser tomber la bienséance. Les paroles sont à l'avenant. Ode à la jouissance. "You know too much, too much" : non à l'intelligence. Quand on voit ça, on se dit que c'est tellement surprenant que ça ne peut que cartonner. Le groupe a déjà un noyau de fans. Ca pogotait pas mal aux premiers rangs. Il faut dire qu'il y a de l'énergie à revendre. Les musiciens donnent tout. Alors même si les compos ne sont pas brillantes, ça dépote! On peut juste leur reprocher d'avoir joué trop longtemps. Ce barnum destroy finit un peu par lasser. Ca ne laissait que trop peu de temps aux Warlocks derrière, et c'est vraiment dommage.

Ah les Warlocks!! De tous les groupes issus des années 2000, c'est celui que j'ai le plus écouté et réécouté. Du bon vieux psychédélisme cramé de derrière les fagots! Ça n'est pas novateur pour un sou, on dirait que ça vient des années 70, mais on s'en fout! C'est bon, très bon! Et Bobby Hecksher est un très grand songwriter. En fait dans le genre, les Warlocks sont meilleurs que leurs devanciers. Sur les deux premiers morceaux, on est un peu inquiet. Le son est impeccable. La bassiste, les 2 guitaristes (3 avec Bobby), la batterie assurent une rythmique d'enfer. Nous voilà en route pour un bad trip réjouissant. Mais Bobby n'arrive pas à poser sa voix. On dirait du Dylan des mauvais jours. Heureusement par la suite, il se libère, et ça va beaucoup mieux. Et on savoure, la tête dans les étoiles, avec cette sensation de neurones qui explosent comme des bulles à force de plaisir. Le show est super mais hélas trop court (foutus Bonaparte! C'est bien le problème des festivals). Délaissant les longues plages instrumentales des derniers albums, le groupe a surtout interprété les titres emblématiques des débuts. On aurait dit qu'ils voulaient faire plaisir au public. Ou alors il s'agit d'une réelle volonté de retour aux sources, à ce format chanson qui aurait pu leur ouvrir la voie du succès. "Shake The Dope Out", "The Dope Feels Good", "Hurricane Heart Attack", "So Paranoid", "Baby Blue",... Ces titres ont de la classe et sur scène ça fonctionne parfaitement. Grisé par ces rythmiques hyper puissantes, on aurait bien eu envie de casser les sièges de l'amphi. Mais bon on n'était pas au concert de Johnny à l'Olympia. Après une quarantaine de minutes, ça s'arrête. Quelle frustration! Bon en tout cas, on va attendre avec impatience le nouvel album des Warlocks.