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Alister
 

par Paul Cordahi (25/06/08)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

A la première écoute du CD d’Alister, je n’étais pas tellement emballé. Et puis au fur et a mesure des écoutes, je soupçonne l’album de ne pas s’arrêter aux seules frontières du rock, et découvre rapidement que les compositions alliaient avec aisance et cohérence différents horizons musicaux. Dénominateur commun : une voix et des textes qui parlent a tout le monde. Son excellent concert a la maroquinerie a bien confirmé tout cela, et nous a permis en plus de découvrir un personnage plein d’humour intuitif.
C’est donc avec plaisir que je vais rejoindre Alister au Restaurant du rond point pour une interview qui me, et donc nous, permettra d’en savoir plus sur lui, sa musique et son univers.

Il a un gros buzz autour de toi en ce moment, comment le vis-tu ? Est ce que tu t’y attendais?

On ne s’attend jamais à rien en fait. Je n’ai jamais eu l’habitude d’être sur le devant de la scène. Maintenant que j’y suis, il est difficile de se rendre compte si ça marche, si les gens aiment bien, si les gens me trouvent con… Je ne sais pas trop.

Je te confirme que çà prend bien et que les gens aiment ! Par contre, peut être que tu ne t’en rends pas compte comme toi tu es plutôt concentré sur ta musique.

C’est super si les gens aiment bien! Je sais que le Technikart dont je fais la couverture sort dans 2 semaines, et le clip sort bientôt. Peut-être que là, je sentirais plus ce qui se passe autour de moi.
Ce que je vois par contre, c’est que les gens qui aiment ma musique la connaissent déjà vraiment bien !

Tu viens du monde de la Télé, pourquoi et comment t’es tu retrouvé dans celui de la musique?

En fait j’avais commencé à faire de la musique il y a une dizaine d’années. J’avais des touches avec des maisons de disques, mais çà n’allait pas assez vite. J’étais jeune, un peu hystérique, et il fallait que je gagne de l’argent.
En parallèle, j’avais des potes qui travaillaient à la télé qui cherchaient des textes, ce qui m’a permis de rentrer dans le monde de la télé assez vite, de gagner de l’argent, tout en étant créatif, tandis que la musique c’était toujours assez compliqué.

Tu étais tombé sur un bon créneau d’ailleurs !

Oui, je faisais exclusivement du programme court (Ecriture de « la minute blonde », « un gars / une fille »), ce qui m’allait très bien. J’avais complètement mis la musique de côté pendant un moment, même si je continuais à pianoter chez moi de temps en temps.
Et puis je me suis remis à la musique petit à petit quand la télé a commencé à me lasser. Je me disais que j’allais avoir 30 ans, et que s’il fallait faire quelque chose en musique, c’était maintenant. La chance aidant, à ce moment, je suis tombé sur Adrienne Pauly qui cherchait à finir des textes. Avec Adrienne, on a vite enregistré des démos et elle a eu très rapidement de bons retours des maisons de disques, ce qui m’a relancé dans le système.

Quelle musique faisais tu il y a 10 ans?

C’était plus pop, plus Beatles…

Combien de temps il t’a fallu pour préparer ce CD entre écriture des textes, des musiques, enregistrement…?

Tu sais, les premiers albums sont souvent des condensés de pas mal d’idées prêtes depuis longtemps… Par exemple, « qu’est ce que l’on va faire de toi » est un morceau que j’ai composé en 2004. C’est le plus vieux d’ailleurs. Sinon, pour la plupart des morceaux, ce sont le résultat de 2 ans d’écriture, et de 3 mois d’enregistrement et de mixage. L’enregistrement a commencé à Londres, et puis entre Paris et Londres par la suite.

Pourrais tu me parler des musiciens avec qui tu as travaillé?

Entre les musiciens qui ont joués sur le CD, et ceux du live, ce ne sont pas les mêmes. J’ai enregistré avec des musiciens anglais, entre autre Baxter Dury, qui ont voulu bosser avec leur équipe. Dino, le guitariste qui joue avec moi sur scène, nous a un peu rejoint sur l’enregistrement, autrement, l’équipe studio est une équipe complètement anglaise (batteur de Massive Attack sur la tournée 100% Windows…). Les musiciens avec qui je joue sur scène sont des musiciens que j’ai trouvés en allant sur des petites scènes et qui ont déjà des groupes. J’ai toujours aimé faire des découvertes musicales sur des petites scènes, ce sont de belles occasions pour découvrir des musiciens talentueux.
Quand j’ai commencé l’enregistrement de l’album, je n’avais pas encore choisi mes musiciens, donc la solution anglaise était plus pratique pour des raisons de timing.

Pourquoi avoir enregistré en Angleterre ?

En France, on a cherché, mais ça ne collait pas. Dans les derniers albums qui m’avaient plu, il y avait celui de Baxter Dury. Sur sa pochette, il n’y avait rien d’indiqué, alors j’ai pris contact avec lui via son myspace, sans savoir que c’était lui qui répondait directement. Je lui ai envoyé des démos, et il a trouvé ça intéressant.
On a donc commencé par enregistrer à Londres, ils sont après venu sur Paris pour des raisons de coûts.
Ce que tu achètes surtout en enregistrant avec des anglais, c’est une exigence au niveau du son, que je n’ai pas trouvé en France. Ils ont une poésie du son en Angleterre qui donne une touche. En plus d’une superbe maîtrise de la technique, ils ont cette culture du « rajouter ce petit truc qui va rendre ». Quand je suis avec des mecs en France, je suis toujours derrière leur dos, à leur demander de toucher a çà, sans avoir vraiment de connaissance technique.

Tu as donc maintenant ta bande de Zicos que tu vas garder pour tes futurs enregistrements.

Ah oui ! J’ai trouvé une super bande de Zicos. Ils sont talentueux, intelligents. J’ai vraiment envie de faire le prochain album avec eux… et en France.

Au niveau des compos, on peut y entendre différents univers sonores. C’est un choix artistique de ta part?

Quand j’ai commencé l’enregistrement, j’avais déjà travaillé toutes les compositions tout seul chez moi et elles étaient déjà très abouties. Toutes les ambiances dont tu parles étaient déjà présentes dans ces démos. Quand j’écris un morceau après un autre, je veux qu’il soit différent. Je ne veux pas faire 10 fois la même chose. On peut très bien être cohérent, tout en abordant tout ce qui a disposition en musique. Ce qui fait la cohérence, c’est la voix, le texte, et une patte au son lors de l’enregistrement.
Dans ce que l’on entend maintenant, il y a beaucoup d’albums où tu as tous les titres qui font comme un bloc. Ça m’oppresse, même si ça permet aux gens d’être tout de suite informé sur la personnalité de l’artiste, de comprendre où il veut en venir. Pour moi, le jeu, c’est de varier les genres.

As-tu eu des imposés par la maison de disque ?

Il ne faut pas rêver, il a des discussions. Eux ils sont là pour faire leur métier, c’est-à-dire vendre des disques, et moi faire le mien, c’est-à-dire défendre mon projet artistique.
La grosse discussion s’est surtout passée au moment du choix final des morceaux ; deux sont passés à la trappe. Un que je ne trouvais pas en raccord avec le disque, et un que la maison de disque n’aimait pas.

Tu avais des maquettes persos bien avancées avant de passer à l’enregistrement.

Ah oui ! Sur myspace d’ailleurs, j’ai mis en ligne des versions maquettes, et tu pourras écouter, les versions sont très proches ! En tout cas, l’atmosphère et les couleurs sont déjà là !!
(C’est aussi le cas de « hier soir », le son du clip c’est celui de la démo).

Tes textes parlent beaucoup de filles, il y a une raison particulière à cela?

Déjà parce que je suis hétérosexuel, première raison (rire)… Et puis ça fait partie de ma vie.
Je voulais que mes textes soient exigeants, mais sans être prétentieux. C’est aussi pour cela que je parle des filles… et je suis sûr qu’il y a plein de gens qui se retrouvent là-dedans, surtout quand je parle de filles à problèmes ! (Rires).

Je trouve que tu es représentant d’une nouvelle génération, plutôt urbaine, te reconnais-tu là-dedans ?

Oui ! Il y a différentes choses. Je n’ai pas l’impression de n’écrire que pour les Parisiens. C’est vrai que l’idée de la ville était un des points de cohérence entre mes textes. Je voulais que mes textes soient proches de moi, et ma vie c’est la ville, la nuit, les filles à problèmes… Je fais partie de la génération « mais qu’est ce que l’on va faire de toi ? ». Je trouve que ça manquait dans la chanson française, je n’entendais pas ça ailleurs.
Je voulais aussi parler de choses pas trop éloignées de la réalité, que les gens puissent s’y reconnaître.

Y a-t-il dans tes textes une grande implication personnelle ?

Il y a un titre dans l’album, « désordre » qui est un peu autobiographique…

C’est le bordel chez toi?

Oui!... surtout en ce moment (rire)
Mais sinon, j’évite de raconter ma vie comme ça, sans filtre, sans humour. Ça part toujours de trucs vécus, ou de détails. Par exemple, quand j’en ai marre de quelque chose, je dis toujours « je me casserais bien à Miami », mais mon implication personnelle s’arrête a ce niveau là. Je ne vais pas raconter ma vie...

C’est quoi cette vidéo de « qu’est ce que l’on va faire de toi » tournée dans une fête par Justine qui tourne sur le net ?

Ce n’était pas une fête, c’est un bar rue Oberkampf tenu par un pote ! Il y avait qu’une trentaine de personnes. C’était un plan bizarre, je lui avais dit oui à l’époque, en fixant une date, et puis je me suis fait embarquer sur pleins de plans promo en oubliant cette date. Le soir venu, je me suis dit : « allez, on va le faire ». J’ai dû jouer 7-8 titres, avec guitare et sans micro. Il y avait une super ambiance, et çà s’est bien passé, mais ça aurait pu être dramatique !!
C’est comme le concert à la maroquinerie, ça a été magique, tandis qu’une semaine avant, on a fait un concert en province qui a été dramatique… un grand moment de solitude !!

Est ce que tu dis à ces moments là que tes morceaux parlent plus à des Parisiens ?

Non, pas exactement. On a fait 2, 3 dates à Bordeaux et à Dijon qui se sont super bien passées. C’est vrai que je suis Parisien, mais j’ai de la famille partout, et je connais la province ! Je me sens Français, et pas particulièrement Parisien.
En province, je t’assure que les mecs sont tout aussi frimeurs, les filles tout aussi belles, et tu bois les mêmes bières ! (Rire)

Tu fais quelques Festivals cet été ?

Oui, le 28 juin, je fais le festival de rock a Evreux (« le rock dans tous ses Etats »), le 12 juillet, je fais les Francos a la Rochelle, et puis un autre festival un peu alter-mondialiste…
Mais la grosse tournée va se passer en octobre / novembre.

Penses-tu déjà au prochain CD ?

Il faut ! Je n’ai trop le temps en ce moment d’y penser pleinement. J’ai déjà pas mal de chansons prêtes, mais il faut déjà voir s’il y a une cohérence entre elles qui me permettrait d’en faire un album.

Tu as déjà donc quelques titres de coté?

Oui.
J’aime bien aussi écrire pour les autres ! J’aimerais bien trouver un ou une interprète pour qui écrire, j’aime bien ça. Il y a des morceaux que j’écris en sachant que je ne saurais pas les chanter. J’aime bien ce côté songwritting très appliqué, très précis pour les autres. Pour mes morceaux a moi, j’aime bien avoir un côté plus libre, plus ouvert.

Et la télé maintenant ?

J’en avais marre, ça faisait 5 ans que je faisais rire sur des vannes et j’avais l’impression de tourner toujours autour des mêmes choses. C’était bien que ça s’arrête !

Tu retrouves la même « ambiance » de travail entre l’univers Télé et l’univers musique finalement ?

Complètement. Je vais faire le discours que l’on peut entendre parfois du type : « ce sont des enculés… ». Quelque soit le milieu, il faut être prudent, pas être trop illuminé ni émerveillé par tout le système. Tant que tu restes dans ton boulot, c’est un métier comme un autre. Je dirais juste que la télé est devenu un média gigantesque, trop généraliste.