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Pauline Croze
 

par Pierre Derensy (08/08/05)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

Pauline Croze chante très bien et pour ne pas gâcher le cadre qui encercle le tableau, elle est très jolie. Attention : pas de la pétasse à deux balles offerte à la foire du trône du show-biz made in France, non de la dignité, de la grandeur, de la gentillesse et un maintient par des musiques fignolées, des paroles fortes qui rappellent ces dames du Montparnasse glorifié des années 50. Retour vers le futur d’une très grande dès à présent.

Etes vous une rêveuse Pauline ?

Pauline Croze : « C’est même le trait principal de mon caractère. Je suis assez souvent dans la lune, j’imagine beaucoup de choses et me formule intérieurement des scénarios sur l’avenir.»

Ce qui transpire de vos compositions c’est la mélancolie, est ce un état relativement constant chez vous qui vous pousse à composer ?

Pauline Croze : « Oui. Il n’y a pas que ça en moi mais c’est vrai que c’est l’essentiel de mon inspiration. Je puise également et heureusement dans ce qui m’arrive réellement dans la vie.»

N’avez vous pas eu l’inquiétude rétrospectivement de vous avoir trop mise à nu sur ce premier album ?

Pauline Croze : «Si. Au moment du mixage de l’album je me suis rendu compte de ce que je disais dans mes chansons. Sur le coup cela m’a vraiment fait peur. Je me demandais si je n’exposais pas trop ma vulnérabilité et ma fragilité.»

Sur beaucoup de textes vous semblez aimer la brûlure de l’amour ?

Pauline Croze : «Je n’aime pas trop les demi-mesures et j’ai besoin qu’il y ait beaucoup d’intensité dans n’importe lequel des sentiments. Je préfère quelque chose d’intense même si cela ne doit pas durer longtemps à une relation tiède et durable.»

Votre angoisse première qui revient au galop c’est que le temps efface systématiquement les sentiments ?

Pauline Croze : «Je ne sais pas si c’est réellement une angoisse… en même temps heureusement que le temps efface les choses parfois…. L’idée de perdre dans la durée ce qui était une force et que cela puisse même devenir une faiblesse c’est là que le bas blesse à mon sens.»

Cela peut correspondre aussi au sentiment de vulnérabilité qu’est l’artiste face au goût du public, un jour au sommet et le lendemain dans les bacs de soldes ?

Pauline Croze : « Avant de penser à l’artiste : ne plus se sentir aimé tout court c’est bien pire. Après c’est vrai qu’avec le temps la peur d’être oublié nous accompagne, chacun-chacune qui avons choisi ce métier, à tout moment. Un chanteur et son public c’est un couple particulier. Il y a tellement d’impondérables qui s’installent entre eux. De plus il y a beaucoup de disques, d’albums qui sortent en même temps, on a parfois l’impression d’être noyé dans ce brouhaha d’informations à tel point qu’il nous sera impossible de sortir la tête de l’eau.»

Vous n’en êtes pas là, bien au contraire, votre album marche très bien… alors le sortir le jour de la saint-valentin c’était un clin d’œil ?

Pauline Croze : «Plutôt un pied de nez ! Je déteste cette fête que je trouve sordide et dénuée d’intérêt. Je trouve que l’amour c’est l’une des plus belles chose qui soit alors lui fixer une date dans le temps c’est dégoûtant, simplement commerçant.»

Excepté « Mal Assis » les titres de votre album sont de courts témoignages, avez vous besoin de ramasser au plus proche de votre peau vos chansons pour ne garder que l’essentiel ?

Pauline Croze : «J’ai une logique de composition assez simple et carrée. Parfois lorsque je ré-écoute mon album (ce qui m’arrive) je le trouve d’ailleurs trop cerné. Il faudrait à l’avenir m’affranchir de ce côté rigidifié.»

Musicalement on vous sent très latine ? voir sud-américaine, d’où vous viennent ces rythmes chaleureux ?

Pauline Croze : « J’écoute beaucoup de flamenco et j’ai écouté beaucoup de reggae. Ce sont des musiques qui me parlent. A mes débuts j’ai travaillé avec un musicien qui faisait de la musique espagnole, inconsciemment cela a du transpirer dans mes compositions.»

Votre rencontre avec Edith Fambuena des ex-Valentins a t’elle changé beaucoup de choses ?

Pauline Croze : « Enormément. Elle m’a montré comment développer une chanson à partir d’une simple guitare-voix. On a partagé cette expérience d’album qui est un évènement assez important, toute proportions gardées… elle m’a fait écouter des groupes que je ne connaissais pas, elle m’a fait toucher à la pop ce qui m’a rendu un peu plus sensible à cette catégorie de musique.»

Qu’est ce qui vous motive à monter sur scène ?

Pauline Croze : «C’est le côté qui oblige à repeindre les chansons fixées sur un disque de manière différente. J’aime bien l’idée aussi de faire évoluer ma chanson tout autant que moi j’évolue dans ma vie, offrir une nouvelle interprétation qui suit mon existence.»

Faire une première partie aussi brillante soit elle de Miossec n’est ce pas frustrant à un moment ?

Pauline Croze : «Non ! pas du tout ! je ne l’ai pas vécu comme l’entrée avant le plat de résistance. C’était un moyen de me faire découvrir aux gens qui ne connaissaient pas mes chansons. C’était un petit aperçu de quelques titres comme un échantillon. J’ai vraiment apprécié cette expérience en tout cas.»

En écoutant « Jeunesse affamée » et en voyant les artistes qui vous ont inspiré, excepté Kezhia Jones, vous semblez naviguer dans une autre époque, auriez vous aimé vivre la folie musicale des années 70 ?

Pauline Croze : « Je pense. J’ai l’impression que les gens quelque part étaient plus libres musicalement. Il existait une sorte de communion. Je trouve ça très attirant.»

On a un groupe fétiche en commun apparemment ce sont les Clash, que pensez vous du parcours artistique sans faute d’un garçon comme Joe Strummer ?

Pauline Croze : «Je connais pas vraiment son histoire et son parcours mais j’ai toujours aimé chez cette personne son besoin d’inventer des choses, d’aller voir ailleurs… Pour moi c’est vraiment un grand personnage de la musique. En plus il était vraiment engagé avec une vraie conscience politique intelligente.»

Quelles sont les qualités artistiques par lesquelles on vous caractérise et qui vous font sourire ?

Pauline Croze : «Ce qui me fait rire ce n’est pas un qualificatif à proprement parlé c’est plutôt quand on me compare par exemple à Benabar ou Carla Bruni. Sur un article j’étais même coincée entre les deux (rire). Je ne vois pas vraiment la comparaison possible excepté que l’on chante tous les 3 en français.»

Surtout que vous êtes beaucoup plus jolie que Carla Bruni ! Est ce que vous accordez de l’importance justement à vos visuels ?

Pauline Croze : «Oui, c’est une volonté commune avec toutes les personnes avec qui je travaille, c’est surtout dans l’idée de faire attention à ce que l’image que je véhicule soit très proche de moi. Je voulais être en adéquation avec ce que j’offre musicalement ce qui est le plus important à mes yeux. J’aime beaucoup la recherche dans l’image, j’aime beaucoup la BD. Comme je me suis concentrée essentiellement sur ma musique j’ai délégué des personnes qualifiées tout en gardant mon œil dessus pour ce qui concernait les visuels de mon album et d’ailleurs je trouve que cela me correspond très bien.»

Etes vous plus heureuse lorsque vous composez une belle mélodie ou lorsque vous écrivez un beau texte ?

Pauline Croze : «Je suis beaucoup plus contente sur une mélodie que sur un texte. Je sais pas comment dire… Avec une mélodie il y a un travail instinctif alors que pour un texte cela m’oblige à plus de réflexion. C’est pour ça que j’ai d’ailleurs demandé à des auteurs de mettre en bouche mes sentiments.»

Pierre DERENSY