"666.667 club" est pour l'instant, le sommet rock'n'roll de Noir désir. C'est aussi leur disque le plus ouvertement politisé. Après une ouverture instrumentale ("666.667 club") pour nous jeter dans une ambiance parfois chaotique qui ne laissera pas insensible, le disque débute par une chanson constat, la présentation des objectifs ("Fin de siècle"). Puis le défilé des luttes s'écoulent comme un flot ("Un jour en France" et sa dénonciation des dérives fascisantes, "A ton étoile" et son bref hommage au sous-commandant Marcos, l'hymne anti-libéral de "L'homme presse). Ecouter noir désir et voter à droite devrait entraîner une implosion due à une trop forte incohérence interne. Le chemin est tracé, la voie à suivre non cachée et jamais les propos de Cantat n'ont été si clairs, si peu mis en quarantaine sous une couche de poésie difficile à déficeler. Musicalement aussi, "666.667 club" est plus riches, sachant allier subtilement les sonorités rock'n'roll à des ambiances venues d'ailleurs (en fond sonore sur le magistral "Ernestine", dans les textes pour "Les persiennes") tout en conservant une marque de fabrique unique ("Comme elle vient" en français suivit de "Prayer for a wanker" en anglais). "666.667 club" se termine pas un ralentissement du pouls ("A la longue", "Septembre en attendant" et le morceau caché), des mots, un repos bien mérité, qui calme les esprits avant de nous laisser à nos vies réglées, oppressés, de prisonniers. Quelques minutes de ralentissement cardiaque pour ne pas péter un plomb devant des évidences si outrageuses, des vérités si évidentes et si peu transformables. Un disque à jeter à la gueule à tous les militants quotidiens de l'inhumanité, et des profits immédiats, et puis des faveurs des médias… |