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Erostrate
 

Fiche technique

Groupe : Cercueil

Producteur : Non disponible

Distribution : Harmonia mundi / Le Son du Maquis

Année : 2011

Genre : Pop

Autres albums :  

 

Chronique i-muzzik.net ( Adrien Lozachmeur )

 

"Erostrate" est le deuxième album de Cercueil. C'est un trio lillois qui pratique une électro sombre chantée en Anglais. Voilà pour l'info factuelle. Maintenant passons au stade supérieur de jugement. 1er constat : les groupes français sont désormais très à l'aise lorsqu'ils marchent sur les platebandes des musiciens anglo-saxons. L'album est très honorable. Et il est impossible de déceler à priori que le groupe est français. On peut avancer l'hypothèse que la chanteuse Penelope Michel a vécu en Angleterre ou aux Etats-Unis. Elle n'a pas l'accent frenchy qui aurait sérieusement plombé l'entreprise le cas échéant. Il faut de sérieux atouts pour parer à ce genre de défaut (atouts que possède par exemple un Rodolphe Burger : il a un gros accent bien de chez nous, mais sa voix, ses atmosphères, ses chansons, son son de gratte, le meilleur de l'hexagone, suffisent pour rendre son oeuvre passionnante). La musique pratiquée ici, bien que très plaisante, n'est pas vraiment originale. Cette semaine je suis tombé sur un flyer annonçant Cercueil en concert en compagnie d'Alan Vega. "Erostrate" a quelques similitudes avec le son de Suicide. On retrouve des boucles un peu angoissantes, une atmosphère assez sombre. Sauf que chez Suicide, l'angoisse vire au flip total. Cerceuil est plus pop, plus chaleureux. C'est plus mélancolique que vraiment angoissé. L'album a été enregistré à Bristol, patrie du trip hop. La comparaison avec le Massive Attack de "Mezzanine" est inévitable. Chez eux, des chanteuses incroyables (Liz Fraser, Tracey Thorne) avaient le don de souffler le chaud sur des substrats synthétiques glacés. Il y a également du groove dans la voix de Penelope Michel, c'est la flamme qui ranime le cadavre. Cerceuil porte mal son nom. "Erostrate" est bien trop vivant pour qu'on dépose des chrysanthèmes à ses pieds. On ne sortira jamais du paradoxe qui fait qu'à vouloir célébrer le Néant (via l'art par exemple), on ne parvient qu'à accroître l'Etre. Cerceuil s'est fait déborder par sa pulsion vitale, la vie l'emporte dès qu'on décore un sarcophage. Je suis totalement injuste, je voulais faire passer une idée. Cerceuil a juste choisi son nom par provocation, tout comme Suicide à l'époque. Je ne pense pas qu'il y ait chez eux une volonté profonde de défendre une conception nihiliste de la vie. Sous ses aspects dépressifs, leur musique veut toujours séduire, je le redis, c'est de la pop. La tristesse est ici légère comme une plume. C'est de la tristesse fardée, de la tristesse qui voudrait bien faire danser les foules. Les oeuvres qui s'enfoncent en enfer sont rares. On pourrait citer les albums de Joy division ou le "Pornography" des Cure. Après ça, Robert Smith a dit "plus jamais ça, c'est trop dangereux, on va faire de la pop". Bon en ce point, il faut conclure, et c'est ce qui est le plus difficile dans une chronique. La vie réelle se passe très bien des conclusions définitives, elles n'existent pas. Là je viens d'avoir une illumination, j'ai senti que je pouvais conclure sur "Erostrate" : un titre bizarre, qui n'évoque à priori rien pour moi. Renseignement pris, c'est le nom d'un mec qui a incendié une des merveilles du monde, le temple d'Artémis à Ephèse, pour se rendre célèbre. Je ne le savais pas quand je parlais de flamme et de chaud. La coïncidence est belle. L'incendie est ambivalent. Il détruit quelque chose, mais paradoxalement, de par sa beauté, il participe plus de l'Etre que du Néant. Le Néant n'existe pas. CQFD. En voulant nous enterrer, Cercueil nous rend à la vie.

 
Extrait de l'album
 

 

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