Recherche

 
 
Dmitry Evgrafov - Collage
 
Young Man - Boy
 
Jori Hulkkonen - Man From Earth
 
Blockhead - The Music Scene
 
Sonic youth - Simon Werner a Disparu
 

REM - Road Movie

 
 

 

Seaside Rock
 

Fiche technique

Groupe : Peter, Bjorn & John

Producteur : Non disponible

Distribution : Wichita

Année : 2008

Genre : Rock américain

Autres albums : Writer’s block |  

 

Chronique i-muzzik.net ( Adrien Lozachmeur )

 

Personne n’a pu échapper à la musique de Peter, Bjorn And John l’an passé. Leur tube « young folks », chanson pop parfaite, a été diffusé en boucle un peu partout. Alors bien évidemment la première réaction à la réception du nouvel album « Seaside Rock » était de guetter la nouvelle perle qui tue, le nouveau hit imparable. C’est peu dire que la surprise est totale. Seaside Rock n’est pas l’enfilade de succès attendu : c’est au contraire un disque instrumental, expérimental, et surtout extrêmement culotté. Car c’est bien d’un suicide commercial dont on parle. Evidemment ça me plaît. Il faut dire que le disque est à la hauteur de ses ambitions. On croit comprendre que les titres s’articulent autour d’une idée centrale : évoquer en musique un paysage de bord de mer, suédois bien sûr. A vrai dire, peu importe le thème : restent les morceaux, incroyablement excitants, avec certes quelques baisses de niveau, mais des baisses tenant plus de l’accident mineur que de l’implosion généralisée. 1er titre : « Inland Empire ». Un titre plein de promesses. Déjà il faut être un peu kamikaze pour choisir comme nom le titre du dernier Lynch, le film le plus abscons du réalisateur lunaire. Le morceau est fabuleux : ça commence par développer une ambiance atmosphérique pour au final virer en déluge sonique, en noces de feu entre rock primal, free-jazz et heavy-funk. A ce moment là on croit entendre un écho moderne des anciens accouplements monstrueux opérés sur « Fun House » par les Stooges, entre embardées cosmiques à la Pharoah Sanders/John Coltrane et déluges telluriques de fuzz. « Say Something » calme le jeu : la mélodie sur xylophone rappelle les fêtes sylvestres des Ewoks dans « Le Retour du Jedi » mais ces ewoks là sont punk et fans de David Byrne. Il n’y a toujours pas de chant (il n’y en a pas un seul instant dans l’album), juste une voix guillerette qui émet des onomatopées neuneu pour souligner le rythme. « Favour Of the season » débute sur des claquements de doigts rappelant les intimidations qui précèdent la bataille entre gangs dans « West Side Story ». La suite se fait plus atmosphérique et pourrait s’avérer rébarbative s’il n’y avait pas encore une fois une mutation, une transformation de l’âme du morceau. Là c’est une note, étalée à l’infini, qui sonne comme si elle venait de très loin, sans doute d’une autre galaxie. Le bruit du big bang en bord de mer, quelle drôle d’idée,… « Next Stop Bjursele » a des airs de musique de rêve inquiétant. Un type vient nous parler. Evidemment c’est en suédois, on n’y comprend rien. Il y a 2, 3 monologues comme ça dans le disque. On sent la volonté de créer une ambiance, mais on cale un peu. Rudolphe Burger faisait ça sur « Hotel Robinson ». Sa guitare magique illustrait des histoires de petits vieux nostalgiques de l’île de Batz. C’était plus touchant parce qu’on comprenait. « School of Kraut » relance la machine. Ca ressemble à du Kraftwerk sous speed et c’est fabuleux. Vu le nom du morceau, on ne s’étonne pas de la connexion. « Erik’s fishing trip » est le deuxième monologue de l’album, sur fond de ballade crépusculaire : on imagine un cow-boy se dirigeant vers le soleil couchant. Sans doute veut-il fuir ce personnage rasoir qui nous ennuie un peu avec sa langue incompréhensible. Là encore ça m’intéresse moins. « Needles and pills » : un nom très rock et on voit mal le lien avec les bords de mer. En revanche on se dit que ça peut expliquer l’entreprise du groupe. Le début sonne un peu hippie, on se dit qu’à la place des junkies évoqués par le titre, on a plus affaire à de gentils idéalistes planant sous LSD : un accord de guitare et une flûte péruvienne nous invitent à libérer nos esprits, mettre fleurs dans nos cheveux et courir nus dans les bois. Et puis en écoutant plus attentivement, on se dit que la guitare n’est tout de même pas tout à fait normale. L’instrumental naïf prend des airs de musique de griot, les vikings se mettent à rêver de l’Afrique, avant que tout cela ne bascule dans un maelstrom sonique qu’aurait pu orchestrer un Ennio Morricone fan du Velvet et de Jesus And Mary Chain. L’innocence finit par se perdre dans un post rock apocalyptique. Génial. Helas, sur « Norrlands Riviera », un nouveau personnage vient nous gonfler avec ses intonations gutturales du Nord. Ils veulent vraiment que j’apprenne le suédois ? Cette fois, l’accompagnement vaporeux fait penser aux Cocteau Twins. Liz Fraser avait inventé une langue incompréhensible, mais au moins elle chantait. Heureusement, c’est le dernier morceau parlé. «Barcelona » explore le versant apaisé du post rock, sur fond de bruit de vagues. Il ne révolutionne pas grand-chose mais il a de la tenue. A l’écoute d’ « At the seaside », on se dit qu’à défaut de chanson pop parfaite, on tient peut-être l’instrumental pop parfait. Ca n’est pas totalement nouveau, ça rappelle même beaucoup les Byrds, mais en tout cas c’est enjoué, vibrant, et efficace. J’ai disséqué l’objet morceau par morceau, mais vous l’aurez compris, « Seaside Rock » s’écoute d’un bloc. Les monologues un peu ennuyeux peuvent s’appréhender plus facilement si on les considère du point de vue de l’ensemble. Pour le reste, il y a là-dedans des passages qui procurent une excitation inouie. C’est le disque le plus fou de la rentrée avec celui de Juana Molina. Saluons encore une fois le courage des scandinaves. J’espère que « Young Folks » leur a permis de se constituer quelques réserves pour l’hiver parce que je ne pense pas qu’ils vont en vendre beaucoup de celui-là. Par contre, ils laissent un témoignage intemporel. Se nourrir de chips est sans doute le prix de l’immortalité.

 
Extrait de l'album
 

 

Envoyer vos chroniques

Vous connaissez cet album ou vous venez de le découvrir ? Faites nous part de votre chronique ... Les chroniques les plus pertinentes seront publiées sur i-muzzik. Merci de votre participation.Envoyer votre chronique à Harry à l'adresse suivante : harry@i-muzzik.net en n'oubliant pas de préciser votre pseudo et le nom de l'album que vous avez chroniqué. Merci.

 

Attention : Toutes les chroniques i-muzzik.net présentes sur ce site sont la propriété exclusive de i-muzzik.net ainsi que de leurs auteurs respectifs. Toute utilisation en dehors de ce site doit faire l'objet d'un accord préalable.