Il y a au moins deux choses chez Art brut qui font que ces formidables britanniques sont presque un groupe de seconde zone, un groupe au succès toujours incertain. Car, croyez moi, dans un monde parfait, Art brut dominerait les charts Anglais et Français et un titre comme « Nag nag nag nag » serait chantonné dans tout les karaokés de province. Or nous ne sommes pas dans un monde parfait, ni l’art, ni le rock brut, n’ont de places appropriées dans les médias généralistes plus suiveurs que défricheurs. Alors, avec « It’s a bit complicated », Art brut devra poursuivre son travail de sape et faire couler encore beaucoup de sueur pour convaincre de plus en plus de monde. Pourtant, quiconque avec un peu de valeur, tombe sur Art brut, sur scène comme sur disque, ne peut que se laisser porter par le charisme dévastateur du groupe et de ses morceaux tendus (« People in love », « Direct hit », « Blame it on the trains ») et cyniques. Point de rencontre entre The fall, pour cette façon de déblatérer plus que de chanter, de The rakes pour la puissance mélodique de morceaux pourtant incertains et la rudesse du premier Strokes, Art brut devient rapidement, parmi tous les groupes de punk-rock des dernières années (et ils sont nombreux), un des plus indispensables, un de ceux, dont les disques se révèlent inusables au fil des saisons. |