L'immense Neil Young est de retour pour un « Prairie wind » des plus haletants. A chacun de ses retours, nous nous demandons, légèrement fébrile, où est ce que ce vieux briscard de la musique folklorique Américaine au sens large du terme, va bien vouloir nous amener. C'est dans une country-folk historique, électrique et swing (« He was the king ») qu'il nous transporte cette fois. A croire qu'il en a beaucoup écouté ces derniers mois, de Johnny Cash à Dylan en passant par Will Oldham et pourquoi pas Devendra Banhart. Et ça fait plaisir de retomber sur quelques sonorités qui datent, qui peuvent paraître désuètes mais se révèlent magistralement belles et de les regrouper sur un album joyaux. Un résultat implacable pour nous convaincre, nous faire frissonner, sans nostalgie, ni passéisme. Neil Young ne prétend jamais que c'était mieux avant, mais que c'était au moins aussi bien. Tout en douce mélancolie, en harmonie triste, Neil Young s’épanche, se répand de tout son saoul sur un disque éloquent. « Prairie wind » est souvent insaisissable. Parfois on pense parvenir à se saisir d’une suite de notes et de mots avant que son secret nous échappe comme perdu dans des chansons trop classiques, trop grandes pour n’être qu’une admirable poésie bien récitée. C’est l’éloge dans la sensibilité du folk et de la country, de la grâce par la mélodie et le chant que nous livre ici, Neil Young. Et nous, nous ne pouvons que faire son éloge à lui. S’il devait disparaître demain, on verrait bien comme épitaphe : « Le plus sous-estimé et le moins culte des immenses songwriters que l’Amérique du Nord ait pu engendrer au XXème siècle ». |