Il est toujours ennuyeux tant pour nous que pour le groupe, de ne pas découvrir les albums de façon chronologique, de ne pas pouvoir suivre pas à pas l’évolution, vers des sommets comme dans la déchéance, d’artistes en perpétuelles mutations. Des artistes, notamment à leur début, qui se cherche une voie, une singularité, prêt à devenir unique ou à tomber dans le copiage incertain. Or, c’est souvent le cas, les premiers opus étant souvent édités par d’obscurs labels malheureusement peu distribués. Lorsque ces disques sont réédités, on porte sur eux un regard biaisé, marqué par le futur d’un groupe en devenir. Lorsqu’on découvre le premier opus homonyme et foisonnant d’Arcade fire, on connaît déjà par cœur « Funeral », chef d’œuvre grandiose d’un rock spirituel et spiritueux. Arcade fire est déjà devenu un groupe auquel on pardonnera beaucoup. Alors que dire dans ces conditions de « The arcade fire » ? Des banalités, beaucoup de banalités. On peut dire qu’il y a dans ce disque l’amorce de sa suite ce qui est, à bien réfléchir, une évidence, qu’il y a aussi des embryons de ce qui fera la force d’un groupe génial c’est-à-dire sa mise en forme de mélodies incroyablement riches (« Old flame », « Headlights look like diamonds »). On peut aussi dire que The arcade fire est un disque plus que plaisant à écouter même s’il n’atteint pas les sommets de son successeur. Mais ça aussi c’est une évidence. Dans le cas contraire, The arcade fire serait encore en train d’écumer les salles miteuses d’Amérique du Nord et nous, nous y perdrions beaucoup. |