Par petites touches successives, par légères digressions anticonformistes, Wilco poursuit sa route, cultive sa différence entre rock Américain et post-rock volatil. Groupe subtil, groupe à la qualité inversement proportionnelle à son charisme quasi absent, à ses ventes minimes, Wilco joue dans la cour des grands (des très grands), non pas sur son chiffre d’affaires mais pour son écriture précieuse, ses arrangements sensibles. Aventure sonore plus que disque de rock, « A ghost is born » est un album fantomatique qui se pose près des limites peu déflorées d’un rock sans boussoles (« Handshake drugs », « I'm a wheel », « The late greats »). Il expérimente sur ses structures mais aussi (et surtout) sur ses ambiances (« Hell is chrome »). C’est ce qui fait la force de Wilco. Cette façon de créer des ambiances plus que des chansons. « A ghost is born » transporte, fait voyager, envahit l’espace, transforme le temps (« Spiders (kidsmoke) »). Road movie sonore, Wilco traverse ses territoires intérieurs et livre avec ce cinquième album, le reflet de son intimité (« Hummingbird », « Theologians »). Une intimité tellement normale qu’elle pourrait être la nôtre. Une intimité tellement singulière qu’elle ne ressemble à rien d’autres. Construit sur ces paradoxes, « A ghost is born » explore notre intérieur. Ce qui ne vit pas ne peut naître. Ce qui s’écoute ne peut pas se voir. Sauf ici avec un disque de Wilco autant visuel que sonore, un disque rare et important. |