Entre le David Byrne, membre des fondamentaux Talking heads, précurseur en matière de fusion, de mixité, de mélange des genres, de références à la musique Afro, et celui plus vieux qui, en solo, mène sa carrière comme bon lui semble, existe un fossé infranchissable. Si l’un était un expérimentateur, un inventeur, quasiment un visionnaire, l’autre est un auteur de bon goût, capable de belles envolées. Les uns diront que c’est largement suffisant, les autres qui lui manque beaucoup. C’est un peu l’histoire du verre à moitié plein (ou vide). En toute objectivité impossible à atteindre, en toute subjectivité trop peu sûre pour vraiment trancher, on dira que « Grown backwards » est un bon disque d’un auteur mature, qui possède un brillant savoir faire mais qui n’est en aucun point raccroché à une quelconque modernité. Est ce un bien ? un mal ? C’est un peu comme reprocher à Bowie de ne plus être à l’avant-garde ou à léonard Cohen de ne pas introduire de l’électronique dans ses albums. Cela n’a pas de sens. Alors profitons de ce disque avant le prochain disque de Byrne qui sera, soyons en certain, tout autant respectable, honnête et brillant et tout aussi peu susceptible de révolutionner quoique ce soit. |