Lorsque nous avons eu entre les mains les premiers efforts de Scissor sisters, nous avons malheureusement vu dans un même temps une photographie du quintuor extravagant. Nous nous sommes réellement demandés alors, si nous allions pouvoir écouter des morceaux fabriqués par ces allumés, par des personnes aussi différentes de l’exquise normalité. Puis, nous avons calmement, mais non sans angoisse, franchi le cap et placé l’objet de notre répulsion sur la platine préparer à une auto-flagellation des plus dures (des plus pures ?). Eh là, miracle impensable, impénétrabilité des voix divines, nous sommes tombés sous le charme de Scissor sisters le groupe grâce à ces morceaux autant foutraques que grandioses, autant dérangeantes que bandantes (« Comfortably numb » des Pink floyd repris et réarrangé, « Lovers in the backseat ») . « Scissor sisters », premier disque d’un groupe en perpétuelle transformation, ne fait que clôturer les débats et inscrire les New-yorkais comme énorme groupe d’électro-funk, de disco-punk pour dance-floors pervers (« Filthy/Gorgeous ») ou pour salons névrosés et maniaques (« Tits on the radio »). Mutantes, plus que simplement freak, la musique de Scissor sisters est un croisement incestueux, enfant batard du groove funky, de l’électro Chicagoanes et du post punk-rock New-Yorkais (« Music is the victim »). S’il est vrai que Scissor sisters atteint la lumière des projecteurs avec beaucoup de groupes qualifiés trop rapidement de proches (l’écurie DFA, Le tigre,…), ils demeureront ceux que nous avons voulu voir enfermer dans un hôpital psychiatrique, nous renvoyant une image trop claire de nos fantasmes contre-natures. |