Il est des disques dont nous ne reviendrons pas, que nous n’oublierons pas, sans trop savoir pourquoi. Des albums qui nous accrochent, qui cassent facilement nos réticences sans que nous puissions expliquer, demeurant sans inspiration, en manque d’argumentation. On sait pertinemment que « L’amour parfait », premier album du Français Cali, n’est pas un disque parfait, n’est pas un chef d’œuvre explicite, ni même long en bouche. On sait pertinemment aussi qu’une bonne dizaine de disques lui seront cette année infiniment supérieurs. Pourtant, c’est « L’amour parfait » qu’on se fait un plaisir d’écouter en boucle peut-être à cause de notre voyeurisme glauque qui nous fait adorer la souffrance des autres (« J'ai besoin d'amour »). Celle de Miossec et maintenant celle de Cali. L’euphorie transmise par ce recueil de poèmes sales et malades, la joie d’entendre des chansons qui nous parle, qui parle de nous, font de « L’amour parfait » un disque qui nous envahit. En jouant sur les formats (pop, rock et autres), Cali nous livre un disque éclectique mais qui conserve une cohérence forte dans son approche de l’âme, dans son désir de toucher. Loin de la plupart des artistes Français, rebelle par commodoté ou par gimmick promotionnel, Cali se frotte à l’épique désir de changer nos vies au moins par quelques menus détails. Il n’est point jeune et con, il est mature et âpre, dur sur l'homme et sur la femme (« Elle m'a dit ») et surout sur l'amour, abstraction intouchable sur la longeur pour tous les inadaptés que nous sommes (« Dolorosa », « Tout va bien »). A la question, c’est quand le bonheur ?, on pourra maintenant lui répondre : c’est à l’écoute de « L’amour parfait ». En y réfléchissant bien, ce sera peut-être mon album de l'année au moins pour l'incoyable « Le grand jour ». |