En France, quand on demande quel artiste pourrait être classé blues, on nous répond sans honte De Palmas. Fumisterie typique d’un pays qui se perd dans sa vision lisse, fade et blanche d’une musique dont l’âme est noire et plus voodoo que chrétienne. Alors , quand on entend le nom De Palmas on rit jaune et l’on se plonge dans les disques de Bobby Sichran. Pourtant, il existe chez nous aussi, un bluesman pas si vieux que ça, pas vraiment noir mais dont les disques laissent béats d’admiration. Le formidable « 33 » de Red est une pièce rare, une œuvre magistrale et malade, sorte de dérive métaphysique vers les enfers. En reprenant Johnny Cash, Red marque son territoire, indique ses origines. Mais « 33 » n’est pas non plus une succession de témoignage, un songe respectueux des anciens. « 33 » est justement plus que cela, c’est une tort ion du folk, une teinture du blues, un décrassage du rock. Si Red n’a pas la tronche de l’emploi (De palmas est autrement plus propre sur lui), il en a la rancœur, les nuances, l’esprit. Red est un Français qui n’a peut-être jamais mis les pieds en Amérique, Red est type qui n’a voyagé qu’à travers les disques, Red est une sorte de tintin dans le sud profond, coincé dans le delta du Mississippi et « 33 » est disque énorme, angoissant et surtout à écouter sans répit des heures durant. |
