L’album de Tetard « 12 pures chansons » est vivifiant à l’oreille, énergique et plein de bonnes intentions à base de guitares acoustiques, de balades post-romantiques et d’énergie pure. Une source fraîche découverte par hasard au sortir d’une boite aux lettres (la mienne) qui ne charrie, bien souvent, et malheureusement, que l’énième petit prodige fade. Là pas du tout. Si vous voulez épater vos camarades passionnés en mal de découvertes, vos connaissances et vos anciennes petites amies, dirigez vous dès le 14 juin vers un disquaire qui pourra vous fournir ce très bon album. Si par malheur celui-ci vous accueillait avec un « Tétard, connais pas, est ce que j’ai une tête de grenouille connard ?», foutez lui un pain en pleine gueule, changez de crémerie ou faites lui savoir que nous sommes en devenir vers l’amphibien grâce à cet artiste. Montrez lui, que vous aussi ne manquez pas de caractère. Ce batracien provoque pour la chanson française un choc sismique digne d’un Miossec à ses débuts ou qu’un Cali récemment labellisé. Le phrasé arrogant, les paroles de fin de soirée au bar de l’ivresse, la musique tirée au paroxysme de l’enfer, Tétard dès « Hiliho » sexualise et vocalise des désirs, des atermoiements, de la jalousie sur les animaux sauvages que nous sommes tous. On respire à plein poumons ses entêtantes balades, on tourne dans nos têtes cette salope qui veut partir en voyage sur « L’île de Ré ». La musique de Tétard c’est la grande histoire du cul de la princesse sous une robe de dentelle. Seul, il encombre une niche encore inexplorée. Ne laissant pas la place à la facilité, il fait même la planche en cachalot sur des ambiances jazzy sur un « Tenter le coup » où il vouvoie le père Gainsbarre et l’amour à la Gainsbourg. Crâneur, arrivant à marier un Brassens à un Dylan, cet asticot est peut être le chaînon manquant entre la France policé et ce mythique anglo-saxon plus cochon. Alors, tandis que les majors désherbent leurs artistes en faim de parcours, louons le label ‘Demain la Veille’ qui n’aura aucun problème à écouler un stock de larves de cet acabit. Je ne connais pas ce type, je sens juste qu’on pourrait tomber dans les bras l’un de l’autre, se rouler des galoches et s’accrocher aux seins des femmes. Alors vous aussi faites circuler un bocal et agitez le comme une flamme aux reins des gens biens. |