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Rock Story #40 The Cure
 

par Adrien Lozachlmeur (12/02/12)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

Ah The Cure! Mon second grand amour musical. Avant, j'écoutais U2. Je découvrais le rock, je tâtonnais. C'était en 1992-93. Les Cure, je m'y suis mis dans la foulée. Je découvrais les grands groupes des années 80 à l'époque où ils déclinaient. Ces 2 formations incarnaient 2 facettes totalement opposées de l'art. Les irlandais, combatifs et lyriques rêvaient de changer le monde. Et les Cure pendant ce temps livraient une musique mélancolique et existentielle. Aujourd'hui je peux toujours très facilement écouter les chansons de Robert Smith alors que j'ai plus de mal avec celle de Bono. Peut-être est-ce parce qu'avec l'âge je deviens de plus en plus mélancolique. C'est comme si je m'enfonçais dans une adolescence sans fin. Parce qu'il paraît que le spleen c'est un truc d'adolescent, les critiques disent souvent ça. Evidemment c'est de la foutaise parce que l'angoisse en fait c'est aussi un truc d'adulte. Il suffit de lire le "concept d'angoisse" de Kierkegaard pour comprendre ce que c'est que l'angoisse. Et en lisant ça on peut aussi trouver une façon d'en sortir. Mais passons on n'est pas là pour parler philosophie bien que la musique ne soit jamais plus intéressante que lorsqu'elle s'interpénètre avec le reste de la réalité. The Cure donc. Ils venaient après le punk, on appelait ça la new wave. En 1979 ils sortent un album qui pose les canons du genre, la même année que le "unknown pleasures" de Joy Division. Noir c'est noir. Le punk avait voulu tour casser, mais le public s'était lassé, alors il restait quoi? Le vide,... à une époque froide et cynique. C'était l'aube des années 80 : les années fric. Ça peut expliquer des choses. A mon avis la sociologie ne peut pas expliquer l'existence d'artistes comme Robert Smith, il y a et il y aura toujours des artistes mélancoliques. Mais elle peut sans doute expliquer la résonance que cet artiste trouve avec un public. Mais ça n'explique pas tout, car il il faut aussi compter avec le talent. Et Robert Smith en avait à revendre. J'hésite même à employer le terme de génie tant certaines de ses chansons m'impressionnent. "Killing an arab", adapté de "l'Étranger" de Camus ou "Boys don't cry" étaient des singles parfaits. Et la même année, l'album "Three Imaginary boys" contenait aussi quelques perles dont "10:15 saturday night", "Fire In Cairo" ou cette chanson éponyme qu'on voit ici interprétée live avec les tripes. A l'époque, Robert se la jouait sobre, intello, un peu snob. Dans les interviews il crachait sur la pop commerciale. La pochette de l'album incarnait bien cette sobriété revendiquée : on y voyait un aspirateur, un frigo et un lampadaire. Cette chanson "Three imaginary boys", c'est un condensé de la thématique des Cure : c'est une chanson sur l'angoisse sans nom. C'est bien ça qui est horrible avec l'angoisse, c'est qu'elle n'a pas de visage, elle ne correspond pas à une cause avérée. Est-ce que quelqu'un avait déjà chanté avant quelque chose comme "drifting up the stairs I see the steps behind me disappearing, can you help me?". Pas sûr. La suite on la connaît, elle serait trop longue à raconter. Le temps d'une trilogie glacée s'enfonçant toujours plus de façon plus ou moins volontaire dans les limbes du désespoir (3 chefs d'œuvre : « Seventeen second » et le mythique « The Forest » / « Faith », « Pornography »), le groupe explose pour ensuite se réinventer en créature pop. C'est le temps des tubes imparables ("inbetween days", "boys don't cry" remixé, "just like heaven",...) et des explosions capillaires, l'époque des émissions de Michel Drucker et des unes des médias. 30 millions d'albums vendus. La thématique ne change pas vraiment, comme le montre encore l'album "Disintegration" à la fin de la décennie, mais la mélancolie est contrebalancée par une certaine légèreté découverte par un Robert Smith moins sérieux, moins pontifiant, mais aussi un peu moins inspiré. Tout de même : l'œuvre reste intéressante jusqu'à "Disintegration". Après c'est la dégringolade. Il reste les concerts. J'ai vu les Cure plusieurs fois sur scène depuis 1995, et ça reste des grands moments, même si on regrette que quelque part le talent, le sens de l'innovation et du risque se soient un peu perdus dans tout ça.