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Rock Story #32 : Rodolphe Burger
 

par Jean-Marie Bellouard (06/09/11)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

Rodolphe Burger, vétéran du rock Français, reste un inconnu du grand public. Son premier groupe, Kat Onoma, aurait dû s’imposer comme le meilleur groupe de rock français de tous les temps. Manque de tube, manque de sex-appeal, le public est passé à côté : pas assez futile, le rock cérébral de Rodolphe Burger ne séduit pas les foules. Pourtant, il est reconnu de ses pairs et collabore avec succès avec des tas de grands noms de la variété française : de Bashung à Higelin, en passant par Jeanne Balibar. Touche à tout, il est capable de délaisser le rock pour se frotter à l’électro (mais sa guitare est toujours pas loin). Parlons-en de son jeu de guitare : Rodolphe Burger a un son exceptionnel capable au détour d’un même titre d’être à la fois puissant, rugissant, dissonant comme chaud et onctueux. Son chant, monolithique, doit pas mal au phrasé de Gainsbourg, dont il a repris presque intégralement son « Homme à tête de chou », de façon magistrale. D’ailleurs, sa version de « Variations sur Marilou » (hymne à la masturbation féminine et au voyeurisme) est certainement le meilleur hommage à Gainsbourg qu’on pouvait faire. Elle est totalement fidèle à l’originale, mais elle a ceci de plus : la guitare de Burger lui permet de l’emmener plus profondément dans ces contrées rock viriles, sinueuses et érotiques qui fascinaient Gainsbourg à l’époque. Il aurait approuvé. Je voulais faire une rock story spécialement pour cette chanson mais je vous laisse la dénicher par vous-même. Elle se mérite (le solo final est une merveille).

La chanson de ce jour est un vieux classique de Rodolphe Burger, un titre tiré d’un des premiers Kat Onoma, « Billy The Kid » (1992) : « Lady of Guadalupe ». La version originale était excellente, mais elle avait un petit quelque chose d’étriqué, un manque de souffle. On sentait le potentiel inexprimé. On en retrouve une autre version dans « Happy Birthday Public », album live de Kat Onoma de 1997. Version plus détendue que l’originale, mais pas aussi épanouie que celle que je vous propose ici. Ce « Lady of Guadalupe » version 2010, il se déguste tel un grand cru parvenant à maturité : il est exactement temps de le boire, car il est à son summum, nectar divin à consommer sans modération. Cette version date de la tournée consécutive à l’album « Valley session », fourre-tout génial de reprises de Kat Onoma, du répertoire solo de Rodolphe Burger lui-même, mais aussi de groupes divers (Velvet Underground, Joy Division…). Mais attention, Burger est loin de tourner en rond. Les reprises de grands classiques du rock, il les déconstruit pour mieux les réinventer et se les approprier de façon originale (comme il l’avait déjà fait pour « Radioactivity » ou « The Passenger » par le passé). Quant à ses propres classiques, il parvient à les transcender grâce à la maturité dans le son, dans l’approche des temps forts de chaque composition, dans ce phrasé dont il contrôle chaque inflexion. Si chaque artiste pouvait se bonifier de la sorte avec l’âge !

L’actualité de Burger, c’est évidemment sa tournée « le velvet de Burger » : uniquement des reprises du Velvet Underground. Projet casse gueule, sauf pour Burger. De ce qu’on peut entendre ici et là sur les ondes, ça a l’air exceptionnel : toujours inspiré, il parvient à faire quelque chose d’inattendu, passionnant, excitant, et surtout totalement personnel. Guettez attentivement le passage de cette tournée, mes amis, heureux ceux qui pourront la voir !