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Raveonettes (Paris)
 

par Adrien Lozachmeur (09/06/11)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

Etant donné que je n'aime pas danser sur des musiques insipides et racoleuses, je ne peux que me réjouir de la transformation de "La Locomotive" en salle de concert. La "Loco" est morte, vive "la Machine". L'endroit a un certain cachet. Le corridor d'accès, tendu de velours cramoisi et flanqué par un bar, marque la frontière entre le monde réel et le monde du rêve. La salle principale est idéale pour les concerts rock de petit format, ceux qui comptent vraiment. Giana Factory ouvre le bal. On va leur donner d'emblée le prix du nom de groupe le plus abscons. Leur musique se décrypte plus facilement. Ce sont 3 nanas qui pratiquent une musique néo gothique très à la mode, tendance "The Knife" ou "School of the seven bells". On retrouve les ingrédients habituels : rythmes tribaux, atmosphère glacée et chant éthéré. On pense forcément à Siouxie And The Banshees, grands initiateurs de ce sous-genre de la cold wave. Les années 80 continuent donc à influencer des tas de gens. Je suis rentré dans le rock via ce style de musique, donc je m'y retrouve. Les Giana Factory s'en sortent très bien, leurs chansons ont du charme et de la maîtrise. On devrait en entendre reparler.

21H15 : les Raveonettes investissent la scène. Je fantasmais sur le couple le plus glamour du rock, Sune Rose Wagner et Sharin Foo. Le côté glamour m'a un peu déçu. Le show n'avait aucune teneur érotique. Il faut dire que Sharin s'est coupée les cheveux. Depuis Baudelaire, on sait bien que la chevelure compte beaucoup. Il restait quand même la musique, soit l'essentiel. Si on fait abstraction du fait que le son était trop fort, même pour un type assez sourd comme moi (Dans 40 ans, j'irai voir des groupes de jeunes qui jouent à fond, et je leur crierai "plus fort, j'entends rien!), les Raveonettes m'ont fait plaisir. En bon pervers que je suis, j'ai toujours aimé la dissonance et par conséquent j'aime le mélange de mélodies pop et d'instrumentation bruitiste. Oh bien sûr l'approche des danois n'est pas révolutionnaire. Dès la fin des années 60, le Velvet Underground avait perverti la chanson doo wop (vous savez, ce son innocent, limite sirupeux du début des années 60, qui aboutit aux girls groups style les Ronettes ou les Supremes) via l'approche bruitiste. Les larsens et le bruit blanc gagnaient des lettres de noblesse. Dans les années 80, les Jesus & Mary Chain ont intensifié le concept : eux ne se contentaient pas de souligner les mélodies par du bruit, ils les noyaient complètement dans un mur du son mettant les tympans à rude épreuve. Les critiques pouvaient titrer : "Phil Spector en enfer". C'était comme des morceaux de verre pilé dans un stock de bonbons. Moins connus, mais tout aussi cultes, les merveilleux « Yo La Tengo » entretiennent l'héritage du Velvet depuis près de 20 ans. Les Raveonettes sont des jeunots en comparaison mais ils sont dignes de leurs aînés. Ils savent pondre des chansons. Certes c'est assez inégal. En concert, on se rend bien compte que certains morceaux sont en-dessous. Ce sont des rengaines noisy pop. Mais il y a aussi des titres qui se démarquent. Je ne vais pas établir une liste, ça n'a aucun intérêt. Je citerai juste "Attack of the ghost riders", qui m'avait aussi marqué par son très bon clip (Sune Rose Wagner est executé sur une chaise électrique, Sharin l'attend à la sortie, et on voit le cadavre de Sune se pointer sur une moto, la belle enfourche la bécane, et les voilà repartis pour de nouvelles aventures), "Love In A Trash Can" et "Dead Sound", morceau le plus pêchu du groupe, avec un petit son de guitare spécifique évoquant les grands espaces américains. Leur touche personnelle en quelque sorte. Et puis ils chantent mieux que Jesus & Mary Chain. Les frères Reid chantaient comme des branleurs. Chez les Raveonnettes, le chant mixte est plus doux, plus cajoleur. Un peu comme chez Yo La Tengo (un trio, mais le cœur du groupe est un le duo mixte Kaplan/Hubley). Pour moi, les 2 danois sont les cousins nordiques des 2 américains, en plus sexy. Le show s'achève en rappel avec le mur du son de « Aly walk with me ». « La Machine » se transforme en pandémonium bruitiste, les tympans finissent de se liquéfier. On sort de là satisfait et les oreilles pleines d'acouphènes. Le rock est un monstre qui se nourrit de cellules auditives. Il fallait bien sacrifier une fois de plus à la bête.