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Soirée Fargo à Paris (2011)
 

par Adrien Lozachmeur (10/05/11)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

La soirée commence avec Doug Paisley. C'est du folk gentil, bien joué, bien troussé, mais assez soporifique. Un en-cas en somme, provoquant quelques sommes. Jeu de mot. Il faut dire qu'on ne sait pas trop quoi écrire sur cette musique. Il y a du monde sur le créneau folk, c'est difficile de se démarquer. J'aurais pu tomber dans les pommes pendant le concert et ça n'était pas à cause du syndrome de Stockholm. C'est juste qu'il faisait trop chaud. Alors pendant le set, je ne pensais qu'à ça, à cette chaleur atroce. C'est inhumain. Je ne sais pas si c'est fait exprès, s'agit-il de faire boire les gogos? C'est un mauvais point pour la Flèche d'Or.

Après s'être rafraichi dans la petite salle annexe, on revient pour Jesse Sykes et ses Sweet Hereafter. Il y en a qui croient encore que Jesse fait dans le folk elle aussi. Il y a des malentendus qui sont difficiles à dissiper. On disait ça de Crosby, Stills, Nash And Young alors que c'était une machine rock. On disait aussi ça de Neil Young en solo sous prétexte qu'on connaissait surtout son "Harvest" dans l'Hexagone. Or s'étant pété le pousse, il avait voulu enregistrer un truc plutôt tranquille, acoustique. Mais ça ne reflète en rien l'œuvre. Avec Crazy Horse, le loner fait rugir le tonnerre. On a connu Jesse Sykes via ses ballades déchirantes. Elle les joue toujours. Que d'émotion à l'écoute de "Reckless Burning"! Ca me rappelle personnellement quelques réveils envapés du côté des étangs de Cergy. Cette musique, c'est la promesse de quelque chose de merveilleux sur le point d'advenir. Elle suspend le temps. On vit avec cette vibration quelques instants et puis on retombe dans la trivialité. Il n'y a rien derrière la promesse. Si on écoute ça le matin, il y a un bol de céréales. C'est pas trop une musique de journée. Et si c'est le soir, il n'y a que le sommeil sans rêves, parce qu'on n'a plus trop le temps de rêver. Le temps reprend ses droits, et avec lui, la corruption de toute chose. Voilà Jesse la maîtresse des ballades, face lunaire. Et puis il y a la face solaire, qui s'exprime via Phil Wandsher, guitariste merveilleux, avec un doigté inouï. Je me suis mis dans la tête que c'était toujours bien lui, ça me paraissait être son son, mais je ne l'ai pas vraiment reconnu. La tignasse ressemble beaucoup, mais le mec sur scène faisait 10 kilos de moins. Comme s'il était devenu accroc à l'héroïne. Mais pas trop, raisonnablement. De façon à faire fondre la graisse sans ressembler à Johnny Thunders. On ne le voyait pas bien, mais j'aurais dit qu'il s'était laissé poussé la barbichette. Ça pouvait donc être Wandsher, ou alors un double peu importe, c'était le son Wandsher. C'est le meilleur son de guitare du monde, celui qui évoque les grands espaces américains, le vent à travers la plaine américaine, la chaleur dans le désert, et tout ce qui grouille dans les bleds miteux où vivent les exclus du grand rêve qui n'existe même plus de toute façon. Et ça rocke. Jesse Sykes et ses Sweet HereAfter valent bien le Crazy Horse. Le rêve côtoie la menace, la contemplation se marie avec la jouissance. C'est tout ça ce groupe. C'est très bon, et peut-être ce qu'il y a de meilleur dans le rock américain, avec Wilco, Bill Callahan et Shearwater. On y revient sans cesse sans se lasser.

Après ça, les Lords of Altamont peinent à rivaliser au niveau de la mélodie et de la finesse. Avec eux on est plutôt dans le cliché rock, le genre à faire bander Philippe Manoeuvre. Les mecs sont tout de noir vêtus. Le chanteur « The Preacher » a un look de série Z entre Lux Interior et le mec des Siters Of Mercy. Gants noirs, lunettes noires, tatouages, et croix de la wehrmacht : on retrouve tout l'attirail habituel pour épater le bourgeois. Au fond, une pin-up s'agite. Elle monte et descend comme le piston d'une locomotive à vapeur, elle secoue ses seins, lève un bras puis l'autre. C'est la danse lascive d'une Betty Page revenue de l'enfer. C'est rigolo, ça rappelle la nana aux gros seins qui se trémoussait chez Hawkwind. Les chansons des Lords sont ultra simples, c'est la grande limite du groupe. J'ai eu l'occasion de chroniquer un de leurs albums, et c'était déjà ce qui me rebutait. Là-dessus je n'aimais que « Knock Knock » (un super morceau). En revanche il faut bien avouer que leurs hymnes sont assez efficaces. Ça pogotait devant. J' ai quand même aimé une chanson, celle où ils chantent « going nowhere fast ». Ouais, celle-là est pas mal, on se voit en train d'accélérer sur une Highway, la nuit. Et puis il y a eu la reprise de « Ain't it fun ». Bel hommage à feu Peter Laughner des « Rocket From The Tombs ». C'est toujours agréable d'entendre un classique méconnu, même si je préfère de loin l'original. Les chansons ne suffisent pas à expliquer le succès de ce groupe. L'imagerie forte doit plaire, c'est sûr. Et puis il y a la présence scénique incontestable du Preacher. Il maltraite son farfisa, il monte dessus pour haranger la foule. Après ça, il caresse le micro de son gant velouté. Et il crie que son âme est à vendre. On sent qu'il respire le rock, qu'il le reste même quand il est chez lui. J'imagine bien sa chambre tapissée de photos des Cramps ou Screaming Jay Hawkins. Et dans les toilettes, je ne serais pas surpris de voir un papier peint avec l'image de Lemmy Kilminster. Je suppose que quand il va s'acheter des yaourts au supermarché, il doit regarder sous les jupes des filles. Et quand il amène ses enfants à l'école, il essaie de dévergonder la maîtresse avec des menaces d'apocalypse en plan drague. Le feu marche avec lui.