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Rock Story #26
 

par Jean-Marie Bellouard (14/04/11)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

Encore l’histoire d’un vrai rebelle génial qui, au moment de tutoyer les étoiles, a été rattrapé par ses démons et s’en est retourné au fossé infernal dont il s’était extirpé. Shane Mac Gowan était né anglais mais, pétri de ses origines irlandaises, doué d’un talent précoce pour l’écriture, et surtout biberonné au punk anglais et au cocktail drogues/alcool dès son plus jeune âge, il était écrit qu’il formerait un groupe atypique qui serait l’image de toutes ces influences. Son groupe s’appelait « Kiss my ass ». Traduit en Gaélique, ça donne : « Pogue Mahone ». Vite rebaptisé « The Pogues », le groupe joue de la musique irlandaise pur jus, mais à la façon punk : ne rigolez pas, ça fonctionne ! Ca déménage grave tout en restant parfaitement traditionnel. Ils font la première partie des Clash. Quelques tubes dans le premier album (« Red Roses from me », 1984), un deuxième album (« Rhum Sodomy and the Lash », 1985) produit par un grand nom (Elvis Costello) et qui se vend très bien. Un peu de temps se passe avant la sortie du troisième album, celui de la maturité : « If I should fall from Grace with god » ne sort qu’en 1988. Le temps pour Mac Gowan d’affirmer son talent de songwriting. Il n’échappera à aucun auditeur que c’est sur cet album qu’on sent le plus son influence vénéneuse, contrebalançant le côté plus traditionnel du reste du groupe.

Toutes les chansons sont formidables, et il est à l’origine de la plupart : entre cocktails survitaminés (« if i should fall from grace with god », « turkish song of the damned », « bottle of smoke », « sit down by the fire »), fausses ballades qui finissent à 100 à l’heure (« streets of sorrow/birmingham six », « medley ») ou mélodies à faire chialer le plus endurci des loups de mer (« Lullaby of london », « the broad majestic shannon »). Je passe les deux chansons les plus connues (« Fairytale of new york » et « fiesta »), pas la peine d’en rajouter : cet album est une vraie bombe ! Il aurait dû marquer de façon définitive le moment où les Pogues deviennent énormes : il ne marquera que le moment de la chute de Shane Mac Gowan dans la drogue et l’alcoolisme. Ingérable dès l’origine, le chanteur finit par ne plus être capable d’assurer lors de la tournée qui suit. Le groupe finit par le virer… Il ne reviendra jamais et devint un de ces losers pathétiques qu’on continue à inviter à des shows, car on l’adore, mais qui n’en finit plus d’écorner l’image qu’on avait de lui. L’histoire n’est pas gaie, car si vous avez l’occasion de voir ce qu’il est devenu, c’est dur d’imaginer à quel point il était bon…

Il nous reste des vidéos comme celles-ci : découvrez la bonne tête de demeuré de Shane Mac Gowan. En outre, on voit bien qu’il n’est pas à jeun et ses dents sont déjà gâtées à souhait :il avait vraiment la tête du loser. Mais à ce moment-là, la formule marche encore à la perfection. Enjoy !

Par la suite, Mac Gowan tentera de se relancer (sans succès) via un groupe s’appelant les « popes ». De leur côté, ce qui reste des Pogues ne se remettront jamais de la perte de leur leader, sauf peut-être le temps d’une tournée avec Joe Strummer. On a l’impression d’un immense gâchis, que l’histoire s’est moquée d’eux : ils devaient être immenses, tout était là. Moi, je n’oublierai jamais. J’avais onze ans quand j’ai découvert ça. On écoutait ça à fond dans la voiture, en boucle, on chantait en yaourt comme des demeurés avec mon frère et ma sœur. Shane Mac Gowan fut sans doute ma première idole, mon premier vrai choc frontal avec le rock. Pour moi, il gardera toujours cette place aux côtés des plus grands. Oui, il le mérite, bordel !