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Rock Story #21 : Two Gallants
 

par Jean-Marie Bellouard (11/11/10)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

Ce groupe est au folk ce que les « White Stripes » furent au rock sur leurs premiers albums: un bon vieil électro-choc, brut et revivifiant. Juste une voix (chant agressif), une gratte (son rêche, archi-rêche) et une batterie (affolée et affolante), de l’enthousiasme (que dis-je, une passion ?). Oui les deux membres de ce duo de San Francisco, Adam Stephens et Tyson Vogel, sont les dignes héritiers de Jeffrey Lee Pierce (ce californien qui sut s’accaparer le blues du delta) et de David Eugene Edwards (16 horsepower). La vidéo choisie est l’un de leurs titres phares : « Last Cruces jail ». C’est l’histoire d’un meurtrier qui, emprisonné, est jugé et condamné à mort pour avoir tué un homme. Comment, abandonné de tous, il regarde le cercle maudit de la potence et rêve d’évasion à travers les canyons et les vallées de l’Ouest. On croise dans cette prison le fantôme du Johnny Cash de « Folsom Prison Blues ». Mais loin de trouver la rédemption, il n’y trouvera que la corde autour du cou. On l’aura compris, ce n’est pas l’histoire d’un bandit justicier façon « John Wesley Harding » ou d’un idéaliste sans concession façon « John Brown » : juste un type paumé à la gâchette facile qui a tué quelqu’un pour quelques sous, et qui paiera ce meurtre minable de sa vie. Dans l’Amérique chantée par les Two Gallants, je vois l’immensité des paysages écrasés par la chaleur qui distord l’atmosphère et crée des mirages autour de la silhouette floue de Harry Dean Stanton dans « Paris Texas », je vois des personnages grandiloquents au regard fou façon Daniel Day Lewis dans « There will be blood » ; la justice rapide et sans pitié, le six-coups à la main, celle qu’on croise à chaque page de Blueberry (je sais pas pourquoi, mais Adams Stephens me fait penser à Finlay, ce Jayhawkers tenace de « ballade pour un cercueil »), ou à chaque plan d’un Sergio Leone. J’avais vu ce groupe sur scène il y a quelques années, et la tension qui émanait du chanteur était assez terrifiante : sur ce live, il semble détendu, mais on sent malgré tout qu’il n’est pas là pour rigoler. Il y a de la fureur dans leur musique, ils ne font pas de concession. « Desperate times calls for desperate men ». S’ils ne sont certes pas dénués d’une certaine douceur (écouter ce sifflement très Enio Morricone vers la fin de la chanson), c’est pour faire mieux contraster avec la hargne qui redouble dans la seconde qui suit. Il s’agit certes d’un groupe pas évident à appréhender, mais il serait réellement dommage de passer à côté de ces deux gars là.