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Rock Story #14 : Natalie Merchant
 

par Jean-Marie Bellouard (27/03/10)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

On dit d’un bon vin qu’il s’agit d’une alliance réussie entre un terroir et un homme. C’est un peu la même chose pour le folk. Ces dernières années, d’innombrables albums de petites jouvencelles folkeuses se bousculent dans les bacs, beaucoup sont  bons, mais finalement on vient à se lasser: par exemple, après la période folk de Chan Marshal (Cat Power), on a eu son clone Emily Jane White, elle-même décalquée en Scary Mansion l’an passé… le plaisir s’émousse, le terrain devient aride à force d’être exploité de la sorte, aussi talentueuses soient les chanteuses ! Même si on gratte un peu autour, c’est la même chose. Ici, un peu plus « roots », on va trouver Alela Diane, ou sa comparse Mariee Sioux. Mais, en sages petites-filles de Pete Seeger et de Joan Baez, que nous chantent-elles que d’autres n’ont chanté mille fois, au fond ? Là, plus baroque, on va trouver une Joana Newsom, mais ses chansons fleuves à l’architecture complexe finissent par ennuyer. Et là, plus onirique, c’est Hope Sandoval, mais à force de créer des atmosphères vaporeuses, elle a tendance à nous endormir.

Alors je vais vous proposer un voyage en terres plus fertiles, celles de la Vénus du folk, j’ai nommé Natalie Merchant. Un voyage incertain mais parfois réjouissant. Chanteuse d’un  groupe indie culte des 80ies (10.000 maniacs), Natalie Merchant se lance avec un certain succès dans une carrière solo au début des années 90, dans un registre folk-rock. D’abord, parlons d’elle : elle est à mille lieues de ces bimbos anorexiques qu’on nous ressert à tout bout de chant. Il s’agit là d’une femme épanouie, d’une Vénus aux traits maternels, aux hanches au délicieux arrondi, plantureuse, l’image même de la féminité triomphante: vous aurez compris, ce n'est pas une Vénus façon Botticelli, plutôt une lointaine fille de ces statues de Vénus préhistoriques symbole de fertilité. Sa voix est pleine de force, elle vibre d’une sagesse immémoriale, celle de la Femme, à qui fut voué de tout temps un culte secret et nocturne.Ensuite, il y a le groupe. Le point faible, la raison pour laquelle personne ne se permet d’être dithyrambique à propos de Natalie Merchant : le son de son backing band est un peu plan-plan (du gros rock typiquement US, quelque part entre le E street Band, The Band et Wilco, le talent en moins), voire tire sur le variétoche. Quand l’aspect variété est trop présent, la magie de la voix ne fonctionne plus, le terrain devient bourbeux : nulle plante ne peut s’épanouir en ce terrain là.

Mais il y a les fois où ça fonctionne, et dans ces cas là, cela touche à la perfection : la lumière de la voix de Natalie fait mûrir les plus fruits les plus goûteux. Pour illustrer mon propos, j’aurais pu choisir des titres comme « San Andreas Fault » (tiré de « Tigerlily )», ou bien « Motherland » (tiré de l’album éponyme), ou encore « The lowlands of Holland » (collaboration avec les Chieftains, groupe emblématique de folk irlandais), tous formidables. Mais j’ai choisi « Sally Ann », premier titre du magnifique « House Carpenter’s Daughter », son meilleur album, qu’elle décrit elle-même comme une « collection de musique folk traditionnelle et contemporaine ». Quand résonne cette chanson, empruntée à au groupe New-Yorkais Horseflies, explose un feu d’artifice de sensations véhiculées par ce violon omniprésent et cette voix à la force tellurique, somptueuse de majesté. Une beauté immédiate et intemporelle que je vous laisse apprécier.Mes amis, je vais vous avouer une chose : avec de tels joyaux, je n’ai pas fini de me prosterner jusqu’à l’obsession devant cette idole venue du fond des âges !