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Rock Story #12 : Robert Wyatt
 

par Jean-Marie Bellouard (01/02/10)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

Dans la série des rockers sixties qui ont abusés du cocktail drogue/alcool, il y a ceux qui sont morts (Jimi, Jim, Janis, etc), ou ceux dont le cerveau est resté perché là haut avec les p'tits oiseaux (Arthur Lee, Sky Saxon et autres Syd Barrett). Mais il y a aussi ceux qui ont réussi survivre: amoindris physiquement, grandis en tant qu'artiste. C'est le cas de Robert Wyatt: batteur virtuose et reconnu dans des groupes de rock proche du jazz (Soft Machine, puis Matching Mole), sa carrière est stoppée nette après une soirée d'orgie qui se finit par une défenestration depuis le 4ème étage qui le prive de l'usage de ses jambes.

De cet épisode traumatique accouchera un chef d'oeuvre: "Rock Bottom" (1974). Wyatt, ce batteur virtuose, n'a pas abandonné la musique. Elle le sauvera : il se met à l’orgue ou au piano. Son jeu est minimaliste et malhabile? Il en fera d'autant plus mouche. Ce n'est plus le virtuose qui étale sa dextérité, c'est l'homme brisé qui extériorise ses blessures. Sur l’album, sa voix haut perchée, le son omniprésent de l'orgue, plongent l'auditeur dans un monde aquatique, hors du temps, où l'on a envie de se replier en position foetale et d'oublier le monde...

Sur cette vidéo, on retrouve un extrait de "Rock Bottom", "Alifib", mais on est loin de l'atmosphère de l'album : car Wyatt est ici seul au piano. Le piano, immense, souligne le jeu fruste de Wyatt sur un instrument qui n'est pas le sien... Les ballons de couleur ne font qu'ajouter au décalage, car l'atmosphère n'est pas à la liesse. Regardez des vidéos de l’époque Matching Mole ou Soft Machine, il y a un contraste si saisissant que vous comprendrez pourquoi l’expression « homme brisé » s’applique si bien ici. Le visage tordu, ce corps tendu par la concentration et l’effort, la tristesse de la mélodie, et cette voix poignante : on est pris à la gorge par l’émotion. En trois minutes trente, contemplez le miracle de la renaissance d’un homme par la création et l’art…

Robert Wyatt vit toujours et continue d’explorer des paysages sonores étranges et inhabituels. Malheureusement, il faut croire que ça ne marche pas à tous les coups, en témoigne le suicide fin 2009 de Vic Chesnutt, l’autre grand paralytique du rock.