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Philippe Manœuvre
 

par Diego Lagaute (18/03/06)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

RETRANSCRIPTION INTERVIEW PHILIPPE MANŒUVRE PAR DIEGO
VENDREDI 25 FEVRIER 2006


DIEGO : Aujourd’hui c’est un immense plaisir d’accueillir Mr PHILIPPE MANŒUVRE, célèbre rock critique français. Philippe que de chemins pour vous parcouru depuis 1973 et votre première critique dans rock & folk, comment êtes vous rentré dans le métier si passionnant de la musique ?
PM : et bien, en 1973 le rock n’avait pas imperméabilisé la société comme aujourd’hui, c’était pas les pubs et les vêtements, c’était la musique d’une génération et j’avais vraiment une fascination pour le journal rock & folk qui parlait de la musique comme je la ressentais dans ma province, j’ai été faire mes études a Paris et n’ai cessé de faire le siège du journal par courrier. Un jour, LOU REED est venu joué à Paris et tous les journalistes de rock & folk étaient indisponibles, ils se sont souvenus de moi et m’ont demandé si j’y étais, j’ai dit oui et cela a été ma première commande. Ensuite la radio vous appelle, puis la télé et tout est venu sans plan de carrière précis et 30 ans après je suis toujours là.

DIEGO : Etes vous musicien ?
PM : Oui, je joue un peu de batterie et de guitare, j’ai fais un groupe en 1978 qui s’appelait les ROAD CRITICS, ça m’a donné beaucoup de modestie cette expérience.

DIEGO : Je vais vous demander d’être plus sélectif que dans votre livre « la discothèque idéale », quels sont vos 5 disques indispensables ?
PM : C’est facile de répondre, HENDRIX « electric ladyland » - le plus grand guitariste de tous les temps, « exile on main street » des STONES - le blues et la country racontés par des anglais, « fun house » des STOOGES – album fondateur, le bruit de la rue de Detroit, le « double blanc » des BEATLES – extrêmement critiqué, george Martin et Alan Parson ingenieur du son, le sommet de l’analogique. En cinquième album, un disque récent fait par des gamins, LIBERTINES, WHITE STRIPES ou STROKES. 50 ans après le début du rock n roll, des gamins se disent qu’il s’agit de la mobylette idéale pour faire un tour du monde.

DIEGO : Pourquoi U2 ou REM n’apparaissent pas dans les 101 disques indispensables ?
PM : Moi je n’ai pas voulu faire un best of des meilleures ventes, sinon je serais allé a la SACEM, j’aurai pris les 100 premiers et j’aurais mis « Legend » de BOB MARLEY, « The Wall » de PINK FLOYD, « The joshua tree » de U2, REM… moi j’ai fais un manuel de rock n’ roll pour les nouvelles générations, regardez ce qu’il y a dedans et ne vous fascinez pas sur ce qui manque. Je ne pense pas que U2 soit du rock & roll, c’est de la pop, comme REM. La radio ne peut pas passer « fun house », U2 a trouvé un moyen de faire du rock amical.

DIEGO : Quelle différence faites-vous entre être rock en 1970 sur fun house et l’être en 2006 pour la énième tournée des ROLLING STONES ?
PM : C’est toujours pareil, y’a pas de différence, c’est une vibration dans les chromosomes. Quand j’entends une guitare électrique, c’est fascinant, le cœur bat plus vite, rien n’a changé si ce n’est les coupes de cheveux … cette musique c’est un truc fait pour les adolescents, je suis peut-être un éternel ado. J’apporte mon expérience pour aider les jeunes groupes. Je ne suis pas persuadé que les années 60 étaient mieux qu’aujourd’hui, c’était difficile de trouver des disques. Maintenant avec Internet, un type qui lit Rock & Folk peut se renseigner et tout trouver sur internet. Même des apparitions télé, c’est fabuleux ! Je n’arrive pas à regretter, ce n’était pas mieux avant, par contre il y a des obligations de rendement.

DIEGO : Outre le sept d’or de 1985, quel souvenir gardez vous des « enfants du rock » ?
PM : Dionnet dit toujours, « c’était trois ans de vacances… (rires) ». Moi je n’avais même pas la télé chez moi lorsqu’on m’a demandé de faire ça, j’avais une vie palpitante entre concerts et fêtes. Le plus beau souvenir est sûrement le tournage de MAD MAX III en Australie pendant 15 jours. Les acteurs gardaient leurs costumes pour dîner et on se retrouvait à côté d’iroquois de deux mètres de haut, c’était génial. On a essayé les voitures, c’est un sacré souvenir.

DIEGO : Vous avez tourné des documentaires et des émissions type « Rock Press Club », peut on espérer une suite à « Babylone yéyé » ?
PM : En ce moment, j’ai fais mon livre, je n’ai pas le temps actuellement.

DIEGO : Une définition de Philippe Manœuvre ?
PM : La passion, je pense que je suis passionné de musique et c’est génial de rencontrer des mélomanes, que ce soit en radio ou en promotion. Je suis en promo jusqu’au 30 mars et tous les jours je rencontre des passionnés de musique. Les gens veulent également mon avis sur le rock poubelle et le rock télévisuel. On voit JOHNNY GUITAR WATSON, IGGY POP ou THE CLASH pour n’importe quelle pub, c’est incroyable ! L’autre fois j’ai vu MARIANNE FAITHFULL, elle sort un cd et un dvd. Elle pensait gagner un peu d’argent dessus mais sa maison de disque lui a gentiment rappelé qu’elle devait de l’argent sur un disque sorti en 1966 et sur des frais de pochette en Allemagne et une location de piano en Italie… elle n’a jamais rien touchée et vit de ses tournées, elle est obligée de faire 71 concerts par an. Les artistes font de la publicité mais ce n’est pas parce qu’ils sont très très connus qu’ils sont très très blindés !

DIEGO : On revient sur les disques Philippe si vous le voulez bien, quel est le meilleur LED ZEPELLIN pour vous ?
PM : Ce n’est pas possible de répondre, j’ai beaucoup écouter « Physical Graffiti », maintenant je suis dans « Présence », je pense que lorsque j’aurais fini « In front the outdoor » je reviendrai au premier album… j’adore aussi l’album orange qui est méconnu « House of the holy », ça sent le JAMES BROWN, les guitares puissantes et les premiers synthé.

DIEGO : Nous sommes tous passionnés par le LED ZEP IV qui est une référence
PM : Celui là on l’a dans nos chromosomes, c’est des disques ou il n’y a aucun défaut. On a l’article d’époque de JIMI PAGE qui avait invité mon prédécesseur, philippe Maringaut, en disant que PAGE enregistrait un solo de guitare d’un morceau qui s’appelera « Stairway to heaven » … aux studios Olympics. PAGE, Les FLOYD, DAVID GILMOUR nous honorent régulièrement de leurs amitiés en imposant Rock & Folk dans leurs interviews, et c’est remarquable ! Ils insistent en disant que nous les avons aidés à leurs débuts alors ils sont fidèles.

DIEGO : PLANT sans PAGE en 2005, pas trop fade pour vous ?
PM : JIMI a des problèmes de dos et ne peut plus porter sa guitare SG pendant deux heures. Son médecin lui a conseillé la natation mais il ne sait pas nager, et il s’en fout ! Tant pis, mais il prépare un album solo mais plus de scène. C’est dommage car je dis toujours que le rock & roll est le mariage d’une voix et d’une guitare, PAGE & PLANT, JAGGER & RICHARDS, MORRISSON & KRIEGER, tout comme ALICE COOPER ou BOWIE, c’est ça le rock. La relation entre deux personnes. Même BRUEL pourrait être rock, mais il n’a pas de guitariste ! Vous savez, a tous les concerts des STONES, il y a 5000 personnes devant KEITH RICHARDS qui viennent pour le voir lui, pas JAGGER. Pareil a l’époque des WHO.

DIEGO : Qui pourrait vous remplacer en rédacteur en chef de Rock & Folk a part BOWIE qui l’a déjà fait ?
PM : Oui c’est vrai, MALCOM MC LAREN aussi. Je pense que Rock & Folk est un journal de jeunes et pleins de personnes avec qui je bosse pourraient me remplacer sans problèmes.

DIEGO : Votre plus belle interview ?
PM : Dur dur, y’en a eue des centaines… Plutôt celle qu’on a pas eue, HENDRIX. J’étais au lycée quand il est mort. Dionnet m’a raconté la sortie du concert de l’Olympia, les gens étaient transformés, j’aurais vraiment adoré rencontrer HENDRIX même que 10 minutes. Sinon j’ai eu, TRICKY, IGGY POP 10 fois, BEN HARPER…

DIEGO : D’ailleurs BEN HARPER, vous avez dit un jour que la relève de la guitare était entre ses mains, est-ce toujours vrai ?
PM : Oui, en ce moment il se dirige sur un truc plus funk mais bon, des supers guitaristes il y en a… M, les STROKES, WHITE STRIPES… la relève est assurée donc je suis confiant maintenant. En mai 2005, nous avions organisé un festival qui s’appelait « Passe ton bac d’abord ! », 3 des groupes de ce festival vont faire le Zenith avec les WAMPAS et les STOOGES…c’est classe d’avoir des gamins de 16 ans aux STOOGES, c’est reparti !

DIEGO : A combien de concerts avez-vous assisté ?
PM : Environ 1 a 2 concerts par semaine, depuis 30 ans. Plus les festivals. J’ai une belle collection de tickets…

DIEGO : Votre plus grand souvenir en concert, les STONES à l’Olympia ?
PM : Non, j’ai souvent vu les STONES même en répétition. Tiens, accrochez vous les gars, j’ai vu les STONES en répétition à Toronto dans une école, le concert devait se tenir dans un gymnase. JAGGER disait, « Et si on faisait telle titre ? » alors, il y avait avec eux un spécialiste qui mettait tous les disques pour qu’il retrouvent le riff… et ils étaient tous « Ah ouais, super facile celle-là… » A l’époque, ils voulaient changer de set list tous les soirs. En répétition, ils sont relax, ils ne mettent pas l’intensité dont JAGGER fait preuve en live. En répétition, ils ont les gros blousons mais gardent la classe. Sinon je dirais les STOOGES au bol d’or. Lorsque j’ai su qu’ils se reformaient, j’ai été les voir et me suis arrangé pour qu’ils fassent le bol d’or. Je les ai présenté sur scène et cela reste un moment inoubliable. Egalement, BOB MARLEY au pavillon de Paris, là on a vu un shaman au travail. C’était la tournée « Exodus » et on croyait vraiment que le plafond de la salle allait exploser ! Tous les gens qui l’ont vu s’en souviennent.

DIEGO : Comment s’annoncent les STONES 2006 ?
PM : C’est bien. J’ai vu le concert de Boston, c’est un énorme spectacle de stade, je ne pense pas qu’il y aura de clubs. C’est la grosse machine et on s’éclate avec les vieux routiers des stades qui font ça depuis 25 ans (les stades !) Ca reste des voyous.

DIEGO : Les concerts organisés au Gibus à Paris, ne serait- ce pas la solution pour contrer le manque d’espace télévisuel ?
PM : Après plusieurs reportages sur les villes de France en rock, on sait rendu compte qu’à paris il y avait 40 groupes prometteurs ! On a organisé un festival au Gibus et découvert des gamins formidables qui voulaient jouer partout, bars, péniches, anniversaires, squatts… sauf qu’il n’y avait pas de scène. Alors on a mis une salle et une batterie a leur disposition, ils viennent avec leurs guitares. Comme les LIBERTINES, ils pratiquent la guérilla rock. Tous les vendredis pour 4 ou 5 euros vous avez 3 groupes qui jouent devant 400 personnes et j’étais content de l’expérience car sur les 4 mois que cela a duré, 3 groupes ont été signés. C’est génial.

DIEGO : BERTIGNAC a récemment déclaré que les gens qui téléchargeaient sur Internet étaient des clients potentiels pour les concerts, c’est le même état d’esprit que pour le Gibus.
PM : C’est vrai.

DIEGO : Philippe, merci pour cet instant et cet échange entre mélomane, je me souviendrais longtemps de notre entretien
PM : Merci beaucoup Diégo, c’était très sympa, « Keep Rockin’». A plus. Salut.