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Susheela Raman
 

par Pierre Derensy (06/11/05)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

Dans la musique de cette jolie demoiselle il y a effectivement du mordant, du piquant, de l’exotisme non fabriqué mais très bien digéré, c’était donc normal que pour son troisième album Susheela Raman utilise en titre un enchantement magique de romances pour crocodiles qui nous mettra à ses bottes.

Le grand évènement sur cet album pour nous c’est qu’avec « L’Ame Volatile » vous vous essayiez au français. Est ce que ce sont vos concerts toujours bien accueillis en France, qui vous ont fait franchir le pas ?
Susheela Raman : « C’est en fait parce que j’ai beaucoup travaillé en France avec des musiciens et techniciens français, ce qui a fait que logiquement mon français s’est beaucoup amélioré bien qu’il ne soit pas encore parfait. Les paroles de « L’Ame volatile » ont été écrites par Barmak Akram, j’adore la façon dont elles sonnent, c’était très naturel d’écrire ces paroles pour lui. Je suis très heureuse d’apprendre que vous considérez ceci comme un évènement ! (rire) »

Pourquoi avoir choisis cette poésie afghane de Barmak Akram ?
Susheela Raman : «Barmak est arrivé en France d’Afghanistan quand il était petit, il écrit à présent en français et tout naturellement mon choix s’est porté sur lui. Il a déjà également écrit des paroles pour M, c’est un parolier très doué, ainsi qu’un artiste et réalisateur.»

Avez vous le sentiment d’être une éternel exilé où que vous soyez ?
Susheela Raman : « Parfois j’ai le sentiment d’être à la maison, partout où je me trouve.»

La musique est universelle, votre « passeport musical » vous a t’il ouvert le monde ?
Susheela Raman : «C’est vrai que quand vous allez dans un pays pour y jouer de la musique et que vous avez la chance d’être en relation avec des musiciens et de faire passer des émotions avec le public, cela apporte plus qu’une simple expérience touristique.»

Pourquoi ce titre « Music For Crocodiles » ?
Susheela Raman : « «Music for Crocodiles» est une sorte de célébration pour vivre la musique. Parfois, les musiciens doivent s’évader au delà de leur propre chemin, comme il est dit dans la chanson éponyme c’est à la fois partager des moments de grandes intensités comme des périodes d’attente. C’est aussi car le business musical est certainement un monde plein de crocodiles, on est tous prêts à se mordre , et vous journaliste aussi !»

Avec ce disque c’est tout l’héritage de ce que vous ont fait écoutés vos parents pendant votre enfance qui refait surface ?
Susheela Raman : «Bien sur tout rentre en compte. Véritablement, il y a eu plus de références indiennes dans mon second album. Mais je pense que plus le temps passe et plus je trouve d’autres façons d’exploiter cet héritage, il varie pour le faire vibrer avec le public. Je n’ai jamais été intéressée de jouer un seul type de musique. Chacun a son propre univers musical, celui ci est le mien.»

’Inde se trouvait déjà présent sur vos 2 précédents albums mais là vous avez voulu aller beaucoup plus loin ?
Susheela Raman : «Ce n’était pas une stratégie conceptuelle. Comme j’allais en Inde voir mes parents, j’y ai rencontre des musiciens et commencé à jouer avec eux. C’est un processus naturel je ne le forcerai pas. La musique est présente chez les gens qui la jouent et qui l’écoutent, pas dans ceux qui la pensent. Je ne crois pas en ce mythe fantaisiste de l’Inde éternelle.»

Pourquoi ce besoin de l’enregistrer là bas ?
Susheela Raman : «En fait nous avons enregistre la plupart de l album en Angleterre. Et puis nous sommes allés à TAMILNADU pour faire un film pour Arte (qui sera montré en novembre) et nous y avons établi des relations musicales. Comme les STRING PLAYERS, et nous devions être super talentueux pour jouer avec eux donc bien sur, ça nous a beaucoup inspiré.»

Certains titres ont des intros, c’est important de pouvoir installer un climat sur vos morceaux ?
Susheela Raman : «Oui c’est un bon moyen pour établir l’ambiance, de jouer quelque chose dans un mode musical particulier. C’est une tradition indienne appelée ‘ALAP’ dans le nord. Ou on peut dire que c’est une ouverture pour introduire l’univers musical que la chanson va explorer.Si vous faites bien attention, les notes jouées en intro reprennent celles des mélodies dans la chanson.».

Avec ce disque, pensez vous avoir terminé un cycle ?
Susheela Raman : «Non. Je suis toujours au commencement des choses.»

Sur certains titres les guitares sonnent très blues, seriez vous tentés par un album rock ou pop ?
Susheela Raman : «Je ne pense pas la musique de la sorte. Je suis intéressée dans des sons particuliers ou des mélodies ou des sentiments, et cela ne correspond jamais à un genre de musique spécifique. Je ne pense pas « oh lalal, je veux écouter de la musique carnatic » mais je pense parfois « je voudrais entendre cette chanson par Yesu Das ». Je ne pense pas « huummm rock musique » mais je peux adorer une chanson par Hendrix ou Can ou The velvet underground. Ce que j’aime dans chaque genre est ce qui me transcende jamais ce qui illustre. Je ne suis pas une collectionneuse de papillons. La magie de la musique est insaisissable.»

Comment faites vous pour vous approprier des titres puisés dans la tradition carnatic ?
Susheela Raman : «Si vous écoutez une chanson carnatic que vous aimez, et que vous la trouvez par écrit vous pouvez trouver qu’elle est mieux chantée qu’écrite. Par exemple, pour la chanson ‘Idi Samayam’ j’avais les partitions de cette chanson mais on a vraiment du chercher quelqu’un qui se souvient de comment la chanter pour avoir un sentiment plus naturel. Quelque chose d’oral je suppose. En ce qui concerne le choix des chansons, je fais juste confiance à mon plaisir, les chantant pour moi même et trouvant comment les accompagner avec une guitare, avec mon partenaire Sam Mills. On a trouvé une structure dans laquelle on invite les musiciens à travailler avec nous. Chaque chanson est une nouvelle aventure.»

N’avez vous jamais eu peur qu’on vous prenne pour une artiste opportuniste ?
Susheela Raman : «Par qui ? Pour quoi ? les gens peuvent penser que je suis possédée par le diable ou que le soleil brille hors de ma tête, c’est leur problème. Je fais la musique que j’aime comme je l’entends. J’espère que vous l’aimez aussi. D’ailleurs si vous avez des idées à me suggérer, je vous écoute !»

Avec « Love Trap » puis la tournée et la fatigue, aviez vous peur d’avoir perdu l’amour de chanter ?
Susheela Raman : «Non, j’étais juste fatiguée. Si tu est fatigue tu ne vas pas chanter aussi bien. Les chanteurs ont besoin de beaucoup de sommeil. « Love trap » n’étiat peut être pas ce à quoi les gens s’attendaient, et n’est sûrement pas un album facile mais c’est ‘un album issu d’un fabuleux travail. Chaque chanson a son univers propre. Je suis particulièrement fière d’avoir eu la chance de travailler avec Tony Allen, cet homme est une légende vivante.»

Que seriez vous sans Sam Mills votre producteur ?
Susheela Raman : «Triste et seule, mais toujours moi même.»

Votre rencontre avec Shruti Sadolikar a modifié votre façon de chanter, que vous a t’elle appris ?
Susheela Raman : «J’ai appris un peu le HINDUSTANI chanté par SHURIT SADOLIKAR il y a quelques années. SHRUTIJI m’a aidé à redécouvrir ma voix. Plus récemment, j’ai étudié avec un gentleman à THIRUVIYAR, TAMILNADU, qui est dans le sud de l’Inde, plus traditionnel. Ils ont tous les 2 d’énormes connaissances sur la musique et ils m’ont tous les 2 aidés avec leur culture musicale. Avoir des maîtres qui t’apprennent à exercer c’est génial, ça permet d’apprendre de tous le monde !»

Avez vous lu « Sourire de Loup » de Zadie Smith, son histoire doit vous faire penser par certains rapports à la votre ?
Susheela Raman : «La chose la plus frappante dans ce livre, c’est l'histoire des 2 garçons asiatiques. Un qui a grandi au BANGLADESH et est devenu un parfait gentleman anglais et un qui a grandi à Londres et est devenu un fanatique musulman. J’aime ce paradoxe, mais personnellement, je trouve qu’être indienne et européenne me va parfaitement, peut être parce que je suis australienne (rires) . Bien sur on peut avoir un sentiment de soi perturbé mais je pense que tout le monde à le sentiment d’origine pas juste les immigrants. C’est la façon d’être de tous.»

L’Angleterre est une terre d’accueil qui vous a vu devenir une artiste, les récents évènements malheureux ont-ils changé quelque chose ?
Susheela Raman : «En temps de danger, les gens paraissent tous suspects. C’est un instinct de préservation mais attention, la vie continue.»

Êtes vous confiante dans l’avenir ?
Susheela Raman : «Il faut apprécier le miracle du moment présent et travailler à un meilleur future personnellement.»


Pierre DERENSY