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Thomas Fersen
 

par Pierre Derensy (23/10/05)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

Sorti de son « Pavillon des Fous », Thomas Fersen n’aime pas répondre aux questions des journalistes. Ne vous attendez pas à trouver des saillies sur sa façon de voir son métier, des répliques foisonnantes sur son dernier album studio ou sa prochaine tournée… Tout chez lui est dans le non dit, dans le silence. Trop préoccupé par ses multiples casquettes (auteur-compositeur-réalisateur) qui le monopolise de plus en plus il a quand même trouvé un petit moment pour lancer des mots, des bribes de phrases qu’il faut prendre pour or blanc par cet avare de phrases toutes faites en promotion d’un disque.

Je sais que vous aimez bien les chapeaux, pour Freud cela correspond, en résumant, à un espoir de devenir célèbre et au désir féminin ?
Thomas Fersen : «Comment vous avez trouvé ça ??? C’est merveilleux…. Cela me va pas mal.»

Selon lui encore, un chapeau est significatif de quelqu’un qui souhaite appartenir à une société, dans quelle société vous sentez vous le mieux ?
Thomas Fersen : «Le chapeau est très porteur d’une signification sociale. (Il réfléchit) Pour ma part j’aimerais appartenir à la société des femmes !»

Votre pavillon des fous est très inquiétant, voir sordide mais en même temps de nos jours, cette folie ordinaire que vous racontez n’a plus sa place elle est cachée, vouée à disparaître, par vos chansons vous rendez hommage à ces gens ?
Thomas Fersen : «J’essaye de leur faire prendre un peu l’air, à tous ces gens, ils sont un peu confinés dans mon cerveau.»

Est ce que c’est les réminiscences de votre jeunesse dans le Xxème qui vous a fait aimer ces personnages décalés ?
Thomas Fersen : «Effectivement autour de nous il y avait des personnages de cet acabit. Tout du moins nous imaginions qu’ils étaient de cet acabit. Certains individus étaient effrayants et faisaient peur à mes sœurs. Ils suscitaient chez moi, des productions imaginatives qui m’ont suivies jusqu’à aujourd’hui.»

Votre passion pour Jean Genet vous fait-elle chanter toutes ces micro-sociétés qui pullulent dans votre disque ?
Thomas Fersen : «Ma passion s’est un petit peu amoindrie, disons que j’aimais beaucoup ses livres dans le début des années 90. Cette façon de raconter la société des garçons, des prisons…»

Votre goût pour la langue classique et le texte soigné vient elle entre autre de lui ?
Thomas Fersen : «Entre autre. Je l’avais déjà. Disons que je l’ai reconnue chez lui. C’est la raison qui m’a poussé dans ses livres, c’est plutôt dans ce sens là qu’il faut aller.»

Vous disiez à une époque que la musique n’était là que pour servir le texte, avez vous changé votre fusil d’épaule ?
Thomas Fersen : «Ce que je dis surtout c’est qu’il y a une musicalité dans la langue française et qu’il faut savoir l’entendre. On ne peut pas imposer une musique à un texte.»

Vous continuez le rythme d’un album tous les deux ans, est ce que c’est pour entretenir la machine et la laisser sous tension, que vous ne vous accordez pas trop de break ?
Thomas Fersen : «C’est à dire que j’éprouve toujours la nécessité d’écrire et comme du coup j’écris toujours à un certain rythme je me retrouve effectivement à faire un disque tous les deux ans.»

En pastichant Orange Mécanique sur la pochette vous faisiez acte de fan ?
Thomas Fersen : «Le pastiche est accidentel contrairement à la volonté de l’album précédent ou Mondino avait vraiment l’intention de rendre hommage à Marco Ferreri et à la « Grande Bouffe », là c’est vraiment un hasard, c’est la combinaison des chapeaux que j’ai amené. Ce n’est pas voulu mais tout à fait honorable.»

Est ce que l’album découle d’une idée de départ ou est ce que vous attendez d’avoir votre cotas de chanson pour lui trouver un thème ?
Thomas Fersen : « ‘Le Pavillon des Fous’ m’a rattrapé quelque part en route. Disons que la thématique se dessine au gré des chansons.»

Musicalement il est encore plus concentré sur la guitare-basse-batterie que ne l’était « Pièce montée » ?
Thomas Fersen : «C’est une volonté tout à fait déterminé du reste. Je suis toujours dans cette démarche pour l’avenir. Je voulais simplifier l’instrumentation de scène pour pouvoir proposer autre chose.»

«Hyacinthe» le personnage qui ouvre votre disque c’est le « Monsieur » de ‘4’ qui a trouvé un prénom ?
Thomas Fersen : «Pas tout à fait car Monsieur n’avait pas des grosses mains d’étrangleur, il avait l’air de rien. Alors que Hyacinthe a l’air de tout mais il ne fait rien. C’est surtout dans l’imagination du narrateur qu’il devient un tueur.»

Tous vos personnages féminins sont représentés comme des sortes d’ogresses, avez vous eu toujours peur du sexe faible ?
Thomas Fersen : «(rire) Enormément. Je crois aux ogres et donc aux femmes.»

Vous réalisez vous même votre album, vous faites les paroles, les musiques et les arrangements, n’est ce pas parfois trop lourd à porter ?
Thomas Fersen : «Je commence à m’habituer au paquet (rire) mais effectivement c’est beaucoup de travail… à mon sens c’est devenu indispensable. Pendant 3 albums et demi je ne touchais pas aux arrangements et à la réalisation mais je pense que j’avais besoin de tout faire pour préciser mon travail. Je crois que j’ai eu raison, en tout cas beaucoup de gens sont venus vers mon univers au moment de ce quatrième album.»

Sur une des photos à l’intérieur du livret on peut imaginer ce qu’était Thomas Fersen dans sa période punk ?
Thomas Fersen : «J’ai toujours été comme ça ! Ca ne se voyait pas trop extérieurement mais dans mon cœur cela bondissait toujours.»

Est ce là aussi, à la fin de votre tentation de faire du rock exalté que vous avez commencé à aimer la chanson française ?
Thomas Fersen : «J’ai commencé à aimer la chanson française quand j’ai commencé à en faire et surtout lorsque j’ai commencé à lire.»

Les fous ne sont ils pas plus présents et en liberté dans l’univers musical que dans votre disque ?
Thomas Fersen : «Bien sur ! c’est un métier qui rend dingue !»

Comment fait on pour se protéger ?
Thomas Fersen : «On fait ce qu’on peut !»

Votre déséquilibre vous l’accompagnez sur « Maudie » de la plus belle des déraisonnables c’est à dire Catherine Ringer, comment s’est passée la rencontre ?
Thomas Fersen : «Catherine n’est pas dingue, par sa voix elle est capable d’exprimer la démesure. Une rencontre très courte mais très impressionnante.»

Etes vous encore parti chiner pour trouver votre décor à votre prochaine tournée ?
Thomas Fersen : «Le décor est déjà bien installé… disons qu’il y aura encore quelques chapeaux… mais c’est tout je ne dirais rien de plus.»

A l’heure actuelle on revient beaucoup vers des concerts artiste au piano seul face au public, avez vous pensé retourner à vos premières amours ?
Thomas Fersen : «C’est à dire que je n’ai pas du tout eu envie par exemple pour cette tournée de faire un tour de chant avec mes plus belles chansons, disons avec le florilège de mes chansons les plus connues. J’avais surtout envie d’emporter avec moi le pavillon des fous et d’y convier les fous de mes albums précédents. Je ne tenais pas à faire un récital.»

On vous a souvent qualifié de flegmatique cela vous énerve t’il ?
Thomas Fersen : «Non… Là par exemple je suis allongé sur mon lit.»

En nordiste que je suis, êtes vous capable de chanter « Mon P’tit Quinquin » comme vous l’évoquez dans votre chanson « Cosmos » ?
Thomas Fersen : «Ma bonne amie est elle même du Nord et elle me reprend sur l’accent donc je ne peux pas la chanter mais j’aime beaucoup les berceuses et en l’occurrence celle-ci.»

Gainsbourg disait de son chien que par mimétisme quand lui buvait, son chien se retrouvait avec une cirrhose du foie. Le chien Zaza de votre album sent très fort alors que fait Thomas Fersen ?
Thomas Fersen : «Rien ! ce n’est pas mon vrai chien. Il vient parfois dormir sur mon lit mais il ne m’appartient pas, il faudrait demander à son propriétaire.»

Pierre DERENSY